AccueilÉconomieLa croissance économique peut-elle être compatible avec le développement durable ?

La croissance économique peut-elle être compatible avec le développement durable ?

Le rapport Meadows de 1972 était clair : la croissance infinie dans un monde fini est inenvisageable. A partir de là, on comprend bien que la croissance totale des richesses produites n’est pas exponentielle. Ce n’est que récemment que la corrélation entre la croissance économique et la destruction de la planète a été clairement établie.

Nous sommes sur le point d’enfoncer le dernier clou dans le cercueil de ce modèle, mais il est déjà mort, et pourtant les gouvernements continuent de l’imiter. Nous vivons sous son charme et les citoyens continuent d’élire des gouvernements qui ne connaissent rien d’autre que la croissance. Il est clair que la croissance économique ne peut être infinie, sans prise en compte de l’environnement.

Le mirage d’une croissance verte

La prétendue « croissance propre » des énergies renouvelables et des véhicules électriques n’est qu’un mirage. En effet, la production d’une éolienne ou d’une batterie destinée à une voiture électrique demande beaucoup d’énergies, de matériaux extraits du sol. Ces produits, qui ont une image verte, ne concourent pas du tout à la préservation de la planète.

D’ailleurs, même si ces technologies sont théoriquement plus propres que celles existant déjà, il y a un théorème à l’oeuvre en économie qui risque de sérieusement compromettre les économies d’énergies apportées par les ENR ou les voitures électriques.

Il s’agit tout simplement du paradoxe de Jevons qui postule que toute technologie visant à réaliser des économies d’énergie, débouche en fait sur de nouvelles utilisations de cette technologie, et donc sur une consommation en hausse. Prenons le cas de la voiture autonome. Sur le papier, cette technologie permettra de faire des économies. Mais, dans les faits, on se déplacera davantage car on ne ressentira plus la fatigue liée à la conduite.

Vers un changement d’indicateur

Plutôt que de penser l’économie uniquement en termes de croissance, il faudrait repenser notre modèle. Pour cela, nous pourrions revenir à l’étymologie du concept même d’économie. A l’origine, c’était seulement l’étude de l’allocation des ressources disponibles. Il n’était donc pas question de croissance.

L’économiste Kate Raworth a d’ailleurs proposé un nouveau modèle baptisé la théorie du donut. Derrière ce titre assez original, il faut comprendre que l’essentiel des besoins humains sont satisfaits quand tout le monde se situe à l’intérieur du donut. Alors qu’aujourd’hui, une infime minorité de personnes bénéficient d’une grande quantité de ressources, quand des milliards d’individus ne voient pas leurs besoins primaires satisfaits.

Ainsi, la réponse ne serait-elle pas d’abandonner la croissance pour la remplacer par la lutte contre les inégalités ? Bonne question ! Mais pour celles et ceux qui ne souhaitent pas changer totalement de paradigme, voici des pistes de réflexion moins radicales.

Economie verte, mythe ou réalité ?

De façon moins pessimiste, on peut penser que nature et croissance économique sont deux notions qui peuvent être conciliées. Nous donnons deux pistes ci-dessous, qui sont à l’état d’hypothèses de réflexion.

Vers une maitrise de la croissance en fonction de son impact environnemental ?

Si la croissance n’est pas infinie, on peut toutefois penser qu’il y a de grandes possibilités d’amélioration. Cela est dû à un arbitrage que l’on pourrait effectuer à l’échelle mondiale entre la croissance et l’impact environnemental. Concrètement, qu’est-ce que cela veut dire ?

Si on arrête les activités les plus polluantes, on peut mettre en place un ratio création de richesses / niveau de pollution. Un tel indicateur demanderait une validation par la communauté internationale, lors d’une prochaine COP par exemple.

Un tel indicateur inciterait les activités les plus polluantes à le devenir moins, ou à être arrêtées.

L’attrait de l’hypothèse de la  » croissance verte  » est qu’elle pourrait concilier croissance économique et protection de l’environnement. Elle permettrait une gestion équilibrée des ressources naturelles et du changement climatique

À long terme, cette approche implique une augmentation des coûts de production et donc de l’inflation. Le mécanisme de ce type d' »atterrissage en douceur » peut être complexe : on peut imaginer que les pays qui prennent les premières mesures pour réduire leurs émissions de CO2 perdent en compétitivité. Une crise de la réglementation pourrait donc s’ensuivre

Maitriser les émissions de CO2 dans une logique de développement durable

En étudiant la relation entre croissance économique et préservation de la Nature, Il est possible d’obtenir un optimum selon Pareto dans lequel les pays choisissent leurs propres intensités d’émissions polluantes (avec des taxes sur la pollution ou des droits d’émission négociables) de manière à maximiser leur bien-être à des niveaux globalement constants d’émissions polluantes et de dommages causés à la planète.

Pour que ces résultats soient valables, il suffit que chaque pays ait accès à sa propre courbe de coût marginal de réduction (ou, de manière équivalente, que le dommage marginal national soit égal au dommage marginal étranger). Si les pays ont accès à différentes courbes de coût marginal de réduction, les résultats supplémentaires suivants sont obtenus :

  • L’allocation peut être améliorée par Pareto si les pays choisissent leurs propres taux de taxe sur les émissions ou utilisent des permis négociables de manière à égaliser les dommages marginaux à des émissions de pollution mondiales constantes, même lorsqu’il y a des transferts d’un pays à l’autre par le biais du commerce de biens ou de ressources environnementales
  • L’allocation peut être globalement efficace si les pays sont autorisés à échanger des droits d’émission même lorsque l’allocation de droits de pollution initiaux n’est pas réalisable (et ces paiements de transfert compensent toute différence entre les dommages marginaux nationaux et étrangers).

Vers une économie sans croissance ?

Le problème dans notre monde, est-ce vraiment le besoin de croissance ? L’économie a-t-elle besoin de croître indéfiniment ? C’est une vraie question, davantage philosophique qu’économique. Car, le véritable problème, est-ce qu’il n’y a pas assez d’activité ? Ou bien est-ce le fait que le fruit de cette activité est mal redistribué entre les acteurs.

[formulaire_cta_mobile]

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

[formulaire_cta]