L’endettement n’est pas toujours mauvais. Ainsi, l’effet de levier joue sur la dette pour multiplier les gains futurs. La stratégie est universalement employée tant par les entreprises que par les traders et les particuliers.
Elle traverse également tous les secteurs. L’effet de levier existe, en effet, tant en matière de financement des organisations, que dans le trading professionnel, l’immobilier, ou la gestion des finances personnelles. Pour autant, en temps de crise, comme celle que nous traversons actuellement, est-il plus délicat à manier ?
Effet de levier, une définition
Simplement posé, l’effet de levier désigne l’utilisation de la dette pour acquérir des actifs. En se servant de l’emprunt, l’investisseur espère, en multipliant la détention d’actifs, augmenter ses rendements sur investissement.
La stratégie s’avère gagnante si la dette génère des rendements supérieurs aux charges d’intérêt liées au prêt contracté. Exemple en matière de finances personnelles avec Emma. Un cas théorique, bien sûr.
Cette dernière souhaite démultiplier ces rentrées d’argent. Elle décide alors de faire jouer à plein l’effet de levier. Pour ce faire, alors qu’elle dispose de 1 000 euros, elle décide d’en emprunter 5 000 à sa banque à un taux d’intérêt de 3%.
Emma place alors la totalité de ce pécule dans un véhicule d’investissement qui croît de 10% par an. Au bout d’une année, la valeur de cet investissement est de 6 600 euros.
Emma va alors rembourser l’argent emprunté à son établissement financier auquel il faut ajouter les intérêts liés à l’emprunt (5000 euros + 3%), soit un total de 5 150 euros. Une fois soustrait l’investissement initial de 1 000 euros de son propre argent, l’opération laisse à Emma un gain net de 450 euros.
On le voit, pour Emma l’endettement a bel et bien débouché sur une opération gagnante. Elle lui a clairement permis d’augmenter ses revenus en jouant sur l’emprunt.
Que faire en temps de crise ?
Mais ce n’est pas toujours le cas. L’effet de levier peut également, dans certaines circonstances, jouer contre celui qui l’a utilisé.
Direction le marché des actions. Dans un contexte baissier, et a fortiori fortement baissier comme ceux qui existe en temps de crise, il s’agit d’y réfléchir à deux fois. Exemple.
Soit un portefeuille d’actions d’une valeur de 100 000 euros. Si ce dernier encaisse une baisse de 10 000 euros, la perte sera de 10 %. Mais si ce dernier était structuré avec un effet de levier de ratio 3 :1 (25 000 euros de capitaux propres et 75 000 euros d’emprunt), la même baisse de 10 000 euros se sera traduite par une perte de 40 % du capital investi. La différence est nette.
La crise des subprimes (2008) est un autre exemple où l’effet de levier a joué négativement à plein. La catastrophe qui s’est abattue sur le secteur de l’immobilier a fini par faire vaciller tout l’univers de la finance. Mais au départ, c’est parce que les propriétaires ont été dans l’incapacité de rembourser leurs dettes aux banques (avec l’effondrement du prix des logements) que la crise est arrivée.
Le principe est alors le suivant. Quand la rentabilité économique est inférieure au coût de l’endettement, l’effet de levier se transforme en « effet de massue » qui n’épargne plus l’investisseur et peut même se propager à tout le système.
Bien mesurer le risque
Faut-il alors continuer à l’utiliser massivement en temps de crise ? Une chose est sûre. Il s’agit d’une stratégie qui peut souvent s’avérer gagnante. Mais qui peut-être, aussi, extrêmement risquée.
C’est pourquoi nombreux sont ceux qui la conseillent avant tout aux investisseurs chevronnés. Tout dépend aussi du niveau des capitaux engagés et de votre profil. Etes-vous d’un tempérament plutôt prudent ? Ou bien, au contraire, le risque ne vous fait pas peur ?
Certes, il est indispensable de bien comprendre les instruments d’investissement que l’on utilise. Mais il est tout aussi primordial de bien se connaître quand on engage son argent.