En 2020, l’épargne solidaire a progressé comme jamais elle ne l’avait fait jusqu’à présent. Alors que les Français étaient cloîtrés chez eux, leur engagement pour une économie sociale et solidaire n’est pas resté confiné.
Selon le baromètre de la finance solidaire La Croix/Finansol, l’encours de ces produits au 31 décembre 2020, c’est-à-dire le total des sommes qui y sont placées, a en effet augmenté de 5 milliards d’euros – un record annuel – pour atteindre 20,3 milliards. Soit une hausse d’environ 33 %. « Personne n’aurait imaginé il y a deux ans que nous atteignions cet objectif en 2020 », se félicite Jon Sallé, responsable de l’Observatoire de la finance solidaire chez Finansol.
Ces montants prennent en compte les produits arborant le label Finansol, du nom de cette association qui promeut la solidarité dans l’épargne. Son label fait référence dans ce domaine, mais aussi l’ensemble des fonds d’épargne salariale solidaire, labellisés ou non Finansol.
Du coté des financements solidaires, 566 millions d’euros ont été investis l’an passé vers des « organisations à forte utilité sociale et environnementale », ce qui représente une croissance de 24% par rapport à 2019, relève par ailleurs le baromètre.
Le communiqué précise que «cette croissance est d’autant plus remarquable que les organisations soutenues par les financeurs solidaires ont souvent été particulièrement exposés aux effets de la crise sanitaire en cours, du fait de leurs secteurs d’activité ou par les publics fragiles pour lesquels elles agissent».
2020: une année hors norme pour l’épargne solidaire
Cet engouement pour la finance solidaire est lié à la crise sanitaire : une préférence pour la liquidité (+ 26 % pour les livrets bancaires) et une forte progression des souscriptions directes au capital d’entreprises solidaires (+ 15 %). Les financements vers ces entreprises ont atteint 566 millions d’euros (+ 24 %).
Notons que le baromètre porte sur les 166 placements d’épargne solidaire labellisés Finansol, auxquels s’ajoutent les produits d’épargne salariale solidaires non labellisés, mais dont les critères sont quasiment alignés avec ceux qui bénéficient du label.
La finance solidaire désigne des fonds investis dans l’économie sociale et solidaire, c’est-à-dire visant à financer des projets d’utilité sociale et environnementale comme par exemple des projets de réinsertion par l’emploi, le développement durable, l’économie verte. Ce type de placement propose généralement aux épargnants des rendements moins élevés que d’autres produits d’épargne mais assure en principe une utilisation éthique des fonds. Cette finance recherche l’impact avant la rentabilité financière.
«2020 est une année hors norme pour la finance solidaire. Elle a bénéficié des mesures positives de la loi Pacte, comme la réforme de l’épargne salariale ou l’émergence de l’assurance vie solidaire. Par ailleurs, la finance solidaire a aussi évolué avec la crise sanitaire qui a poussé les Français à se tourner vers la liquidité et les souscriptions directes au capital des entreprises solidaires», a commenté Frédéric Tiberghien, président de Finansol. Créée en 1997, l’association rassemble plus de 100 groupes actifs dans le secteur et plus de 150 placements labellisés par Finansol, qui distingue les placements «éthiques ou humanistes».
Le concept a indubitablement séduit les Français en 2020, mais rappelons que c’était déjà le cas en 2019 puisque l’épargne solidaire atteignait déjà un record à l’époque avec un encours de 15 milliards d’euros, avec une croissance de plus de 18% par an en moyenne sur les 5 dernières années.
L’année 2020 a donc repoussé plus loin encore le record d’encours. Preuve que le principe d’une épargne tournée vers la solidarité, le social, l’environnement, arrive à convaincre de plus en plus d’épargnants. D’autant qu’aujourd’hui, l’offre est suffisamment vaste pour répondre aux différents profils.
La finance solidaire se développe aussi en Europe. Elle intéresse de plus en plus les associations qui cherchent à être moins dépendantes des dons et à développer des activités lucratives qui financeront une part non lucrative leurs activités.
Mais en France, les pouvoirs publics veulent faire de la France le leader mondial de la finance à impact.