Il est désormais annoncé d’ici quatre à cinq ans. C’est à cet horizon que les autorités financières entendent donner naissance à l’euro numérique.
Lors d’un colloque organisé au Musée du Louvre par la Banque de France, son gouverneur, François Villeroy de Galhau, a confirmé l’information : « En Europe, nous en sommes à mi-chemin de notre phase d’étude : l’Eurosystème prendra sa décision d’ici fin 2023, pour un lancement potentiel en 2026 ou 2027 ».
La Chine en chef de file
A vrai dire, le sujet des monnaies numériques de banque centrale (MNBC) mobilise les banques centrales à travers le monde. Avec des résultats contrastés. Ainsi, la banque centrale australienne a lancé en août dernier ses premiers travaux autour de la question.
Le but principal : identifier tous les cas d’usage pouvant justifiés la création du MNBC.
Inversement, le même mois, la banque centrale du Japon a décidé d’arrêter le programme sur lequel elle travaillait. L’eYen ne verra pas tout de suite le jour. Raison invoquée, le manque d’intérêt manifesté par le public face à une telle création.
Aux Etats-Unis, le Trésor américain a commencé d’étudier la question.
Quant à la Chine, en avance sur le sujet, elle vient d’annoncer son intention d’étendre l’utilisation du yuan numérique à quatre nouvelles provinces. Il y aurait aujourd’hui 261 millions d’utilisateurs de la MNBC locale.
L’euro numérique, moyen de paiement
Retour en Europe où le dossier avance donc. L’essor des cryptomonnaies et de la finance décentralisée est scruté toujours plus attentivement par les autorités de régulation. En créant l’euro numérique, elles entendent bien « maintenir le rôle de la monnaie de banque centrale dans l’économie alors même qu’elle est menacée par la révolution numérique », précisait déjà François Villeroy de Galhau avant que ne s’ouvre la période des vacances d’été.
Un euro numérique pourquoi faire ? Ce dernier est pensé comme moyen de paiement en venant compléter les solutions de paiement de détail numériques du secteur privé, sans toutefois entraîné la complète disparition du cash. Pas question donc d’en faire un vecteur d’investissement.
Faire des MNBC un dossier prioritaire, rentre en résonnance avec le dernier rapport annuel publié par la Banque des règlements internationaux. Pour cette dernière, les monnaies numériques de banques centrales vont être les piliers sur lesquels les transactions internationales fonctionneront dans le futur.
Outre sa fonction économique, l’euro numérique pourrait donc jouer un rôle extrêmement important quant à la souveraineté politique de l’ensemble européen dans un contexte où les monnaies virtuelles sont appelées à prendre de plus en plus d’importance.
Nouvel écosystème
Ce n’est pas pour rien que l’Europe a entériné le projet MiCA qui vise à protéger les investisseurs face aux risques liés aux marchés des cryptoactifs, notamment en les aidant à mieux se protéger contre les fraudeurs.
L’Union vise bel et bien la mise en place d’un nouvel écosystème dans lequel elle compte bien jouer un rôle centrale. L’euro numérique pourrait en être l’un des piliers.