Les cryptomonnaies continue de s’installer dans l’espace financier. En dépit de la chute des cours de ces derniers jours, l’engouement pour les devises numériques ne faiblit pas. Depuis un an, elles ont réussi à capter l’attention de ceux qui les dédaignaient il y a encore quelque temps, à commencer par les banques, mais aussi les fonds d’investissement. Car tout le monde a voulu profiter de l’envolée des cryptomonnaies, et de cours dont la croissance dépasse l’entendement. Pour preuve, la multiplication des fonds et des projets financiers permettant une exposition simple et rapide aux cryptomonnaies.
Les fonds spéculatifs de plus en plus friands de cryptomonnaies
L’an passé, plusieurs grandes banques américaines ont décidé d’entrer dans le monde des monnaies numériques après s’être longtemps montrées réticentes. En 2021, il semblerait que la tendance persiste.
BlackRock, le numéro un mondial de la gestion d’actif a annoncé l’ouverture de deux de ses fonds aux dérivés de bitcoin. Cette première incursion dans les crypto-actifs suit le changement de ton de BlackRock, désormais plus conciliant envers ces actifs hautement spéculatifs.
En février, Bank of New York Mellon a annoncé qu’elle comptait se lancer dans la gestion des actifs numériques pour le compte de ses clients.
La banque d’investissement Morgan Stanley va, elle, permettre aux gestionnaires de fortune de ses clients les plus riches d’investir dans des fonds en bitcoin.
Le géant bancaire Goldman Sachs s’est quant à lui lancé dans les ordres sur des produits dérivés liés à la cryptomonnaie, selon un mémo interne dévoilé la semaine dernière, officialisant la mise en place d’une équipe interne dédiée au courtage dans les cryptomonnaies.
JP Morgan, dont le PDG Jamie Dimon a toujours affiché une certaine méfiance en la matière, n’est pas en reste. La banque d’affaires devrait en effet déployer dès cet été un fonds bitcoin destinés ses clients privés.
L’attraction des professionnels et des particuliers pour ces actifs hautement spéculatifs n’est plus à démontrer. Même les fonds de pension veulent eux aussi profiter de l’essor des actifs numériques.
Portées par le succès des plateformes d’échanges telles que Robinhood ou Coinbase, les institutions bancaires américaines sont de moins en moins réticentes face à l’investissement en crypto actifs et veulent même intégrer le Bitcoin directement sur les comptes en banque. Tout est bon pour attirer les épargnants désireux de se lancer dans l’investissement sur les cryptomonnaies.
Fonds négociés en Bourse
Les fonds négociés en bourse (FNB) représentent des paniers de titres qui se négocient sur une place boursière au même titre qu’une action. Ils offrent aux investisseurs l’opportunité de diversifier leur portefeuille tout en se négociant comme une action. Pour les cryptomonnaies, un FNB peut procurer plusieurs avantages, notamment de ne plus avoir à gérer de portefeuille numérique, ni de clés de sécurités, de ne pas aller sur des sites transactionnels peu sûrs. L’utilisation d’un FNB de cryptomonnaie peut, de ce fait, être clairement séduisante pour un investisseur.
Cependant, il ne faut pas ignorer les risques de ces FNB. Cela reste des véhicules financiers offrant une exposition rapide à une multitude d’actifs et permettant de se diversification à faible coût. Mais les risques de ces actifs ne disparaissent pas simplement parce qu’ils ont été incorporés à un FNB.
Ces fonds peuvent eux aussi pâtir de la très forte volatilité des cours des cryptomonnaies, sensibles au moindre tweet posté par un influenceur. Pour preuve, les envolés ou chutes de cours provoqués par Elon Musk à chacune de ses interventions. La dernière en date a quand même fait reculer le bitcoin à 45000 dollars, pour la première fois depuis févier.
Et pourtant, la multiplication des fonds d’investissement offrant d’investir dans les cryptomonnaies se multiplient. En Europe, les professionnels semblaient jusqu’à présent se montrer plus frileux que les Américains, mais cela pourrait bien changer d’ici peu.
En Europe aussi
Alors que certains pays européens freinent des quatre fers ou refusent les cryptomonnaies, l’Allemagne chemine tranquillement vers leur adoption. Une nouvelle loi qui entrera en vigueur le 1er juillet, va en effet permettre aux gestionnaires de fonds institutionnels (les spézialfonds) d’investir jusqu’à 20% de leurs allocations dans cette nouvelle classe d’actifs. Cette nouvelle loi doit encore être approuvée par le Conseil fédéral, mais pour les experts, cela ne devrait être qu’une formalité. 4000 fonds devraient être éligibles à l’investissement en cryptomonnaies ce qui pourrait représenter, selon les estimations, une injection potentielle de 422 milliards de dollars. L’Allemagne montre ainsi sa volonté de se positionner avantageusement dans ce nouvel écosystème
La bourse allemande, depuis que le régulateur financier, BaFin, a reconnu les cryptomonnaies comme instruments financiers, accueille également des produits négociés sous la forme d’ETP (Exchange Trader Product) non seulement de Bitcoin mais aussi d’Ether.
De son côté, la France continue de mettre le plus de barrages possibles à l’adoption des cryptos afin de protéger les investisseurs de l’instabilité de ces actifs.
Il est vrai qu’en la matière, la méfiance est de rigueur. Alors que les fonds et autres placements en cryptomonnaies se multiplient, certains investisseurs professionnels, notamment aux Etats-Unis, continuent d’afficher un certain scepticisme.
C’est ce que révèle un récent sondage publié par Bank of America et réalisé auprès de 200 gestionnaires d’actif gérant au total 533 milliards de dollars. A la question « Bitcoin est-il une bulle? », 74% de ces financiers ont répondu par l’affirmative. 16% ont réfuté cette hypothèse. Enfin 10% hésitent à se prononcer. De quoi conforter Bank of America dans sa position très réfractaire au bitcoin et aux cryptomonnaies.