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L’inflation dans le collimateur des banques centrales

Oubliez la crise des subprimes (2008) et celle du coronavirus (2020). Les investisseurs ont le moral dans les chaussettes. Jamais, leur niveau d’optimisme, mesuré chaque mis par la Bank of America, n’était tombé aussi bas. En cause, les craintes d’une stagflation, état où une forte inflation est accompagnée d’une stagnation de l’activité.

Les investisseurs plus pessimistes que jamais

Bref, les gérants interrogés par la BofA (le panel représente un encours total de 766 milliards d’euros) font désormais plus que s’interroger sur le rythme de la croissance mondiale, certains envisageant même une récession. Ils sont, aujourd’hui, 71 % à faire part de leur pessimisme. Il s’agit du pourcentage le plus élevé depuis la création de l’enquête. Pire : en Europe, 81 % des répondants estiment que l’économie du vieux continent va s’affaiblir en 2022. Ils n’étaient que 69 % à penser ainsi, il y a à peine un mois.

Le principal objet d’inquiétude des investisseurs reste les politiques restrictives que les banques centrales entendent désormais mener pour combattre l’inflation. Ces derniers envisagent désormais que la Fed relève jusqu’à sept fois ses taux.

Les gérants ont réduit le niveau de liquidités des portefeuilles, augmenté les allocations des matières premières et privilégie les actions américaines aux actions européennes et britanniques.

L’inflation vue d’Europe

De son côté, la Banque centrale européenne (BCE) a mené sa propre enquête concernant auprès des prévisionnistes du continent. Pour ces derniers, pas de doute. Ces derniers ont révisé à la hausse leurs anticipations d’inflation pour 2022 et 2023, à 6,0 % et 2,4 % respectivement, qui reste inchangée à 1,9 % pour 2024.

Sur le front du PIB également, les nouvelles ne sont guère réjouissantes. Les répondants à l’enquête de la BCE ont, en effet, également révisé à la baisse leurs prévisions de croissance pour 2022 et 2023 (et légèrement à la hausse pour 2024). Le consensus estime aujourd’hui que celle-ci devrait se porter autour de 2,8 % contre 4 % précédemment.

Et c’est là que se situe désormais le dilemme de la banque centrale européenne. Comment lutter contre l’inflation tout en ne grevant pas davantage les perspectives, déjà bien entamées, de croissance ?

Lors du conseil d’avril, la BCE a plutôt choisie d’entretenir le flou sur ses intentions concernant l’inflation. Moins péremptoire que la FED, elle s’est, du moins en surface, voulue beaucoup plus prudente que son homologue américain. Une politique qui s’explique par le fait que les conséquences économiques de la guerre en Ukraine concernent bien davantage l’Europe que les Etats-Unis.

Pas de décision sur les taux

Toutefois, Christine Lagarde, présidente de l’institution européenne, a bien confirmé que les achats nets d’actifs au titre de l’APP devraient prendre fin au cours du troisième trimestre 2022. Une indication claire, que la stabilité des prix est, aujourd’hui, la priorité de la BCE.

En revanche, pas de décision concernant les taux directeurs. Le taux d’intérêt des opérations principales de refinancement ainsi que ceux de la facilité de prêt marginal et de la facilité de dépôt demeureront inchangés, à respectivement 0,00 %, 0,25 % et -0,50 %. Toute modification a été reportée à plus tard, « quelque temps après la fin des achats nets du Conseil des gouverneurs au titre de l’APP et sera progressive », explique l’institution.

La BCE se veut flexible

Enfin, poursuit-on du côté de la BCE, le conseil des gouverneurs se « se tient prêt à ajuster l’ensemble de ses instruments, dans le cadre de son mandat et de façon souple si besoin, pour assurer que l’inflation se stabilise au niveau de son objectif de 2 % à moyen terme ».

En restant volontairement prudente sur ses intentions, la Banque centrale entend se garder une marge de flexibilité la plus grande possible. « En période de tensions, la flexibilité demeurera un élément de la politique monétaire chaque fois que des menaces sur sa transmission compromettront la réalisation de la stabilité des prix », confirme cette dernière.

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