Les Français et plus particulièrement les épargnants doivent-ils s’inquiéter d’une possible hausse de l’inflation et de son impact sur leurs économies. Cette question, nombreux sont ce qui se la pose. En 2020, jamais les Français n’avaient autant épargné. Et pour cause, les mesures de confinement et les fermetures des commerces les ont empêchés de dépenser leur argent. A la place, ils ont rempli leur bas de laine. Mais cette épargne accumulée pendant la pandémie va-t-elle nourrir, va-t-elle se transformer une fois la pandémie repoussée à une orgie de consommation, poussant les prix à la hausse ?
Le retour programmé de l’inflation
Pour soutenir les économies, les gouvernements n’ont eu de cesse que d’y injecter de l’argent. Cette création monétaire massive rappelle la mise en garde de l’économiste Milton Friedman, pour qui, en créant plus de monnaie, c’est autant de demande excédentaire que vous alimentez. Demande qui à terme fera monter les prix à la consommation.
Aujourd’hui, tout va dépendre de l’inflation : les taux d’intérêt, les valorisations des marchés des actions, et mais aussi les quelque 18 000 milliards d’euros de dette souveraine à taux négatifs. Or, pour la première fois depuis plus de dix ans, cet avenir inquiète. La dernière fois qu’une telle crainte avait préoccupé les investisseurs remonte à la crise financière de 2009, quand les grandes banques centrales avaient inauguré les « Quantitative Easing » [« facilité monétaire »], consistant à soutenir l’activité économique non seulement en baissant les taux d’intérêt directeurs, mais aussi en imprimant de la monnaie pour racheter aux banques les emprunts d’Etat qu’elles détenaient.
Après dix années de politique monétaire conciliante, seuls les marchés actions en ont véritable ment profité. L’inflation, loin de partir à la hausse, n’a cessé de décroitre et de faire craindre une déflation. Année après années, les banques centrales (dont la BCE) se sont évertuées à faire monter cette inflation trop basse pour l’économie. En vain. Aujourd’hui, il semblerait que nous y sommes. Et le retour d’une trop forte inflation inquiète déjà.
Vers une hausse de la consommation ?
En 2020, arrive la crise sanitaire qui se double d’une crise économique. Les banques centrales ont de nouveau agit pour éviter le pire et les marchés financiers en ont de nouveau profité. Mais les gouvernements, avec la bénédiction des banques centrales, ont cette fois franchi une nouvelle étape : pris de cours par cette nouvelle crise, ils ont abandonné toute prétention à l’orthodoxie budgétaire et, au prix de déficits et de surendettement sans précédent, ont pris sur eux de subventionner directement le secteur privé mis à mal par les décisions de confinement.
La monnaie, toujours à l’origine fournie par les banques centrales, ne demeure plus dans le seul système financier mais a aussi trouvé le chemin de la trésorerie des entreprises et mais aussi des épargnants qui n’ont plus guère d’occasions de les dépenser.
Or, quand les économies rouvriront à la faveur d’une vaccination suffisamment large des populations, cette épargne accumulée par les Français ses transformera t-elle en consommation accrue, poussant les prix à la hausse et finalement donnant raison à Milton Friedman ? Ce scénario, nombre d’économistes considère qu’il est tout à fait plausible.
Mais cependant, il sera probablement de courte durée : en effet, la faiblesse de la situation de l’emploi et la persistance probable d’une inquiétude générale risquent de tempérer la liquidation de l’épargne.
Plans de relance
Il est également fort probable que les gouvernements continuent pour un temps à soutenir leur économie à coup de relance budgétaire. L’administration Biden, et tout particulièrement son secrétaire au Trésor, Janet Yellen s’est engagée sur un programme visant précisément à réduire les inégalités en redistribuant la richesse vers les salaires par le biais, entre autres, de la fiscalité. L’engagement vers une économie plus verte est aussi très fort et certainement tout autant justifié, mais il est aussi potentiellement inflationniste cette fois-ci non par augmentation de la demande, mais par augmentation des coûts.
Il est peu probable que la tendance déflationniste ne s’inverse en un jour. Cependant, les épargnants doivent s’attendre à ce que tôt ou tard, une hausse des prix intervienne. Ils devront alors décider de l’orientation que prendra leur épargne. L’an passé, les Français ont rempli leur livret A et leur compte courant, favorisant une épargne de sécurité, liquide et rapidement disponible. Or avec des taux d’intérêt culminant à 0,5% pour les livrets réglementés, ces derniers seront de moins intéressant en cas de hausse de l’inflation. Les épargnants seront sans doute amenés à prendre de nouvelles décision, probablement en favorisant une épargne peut-être un peu plus risquée, mais nettement plus rémunératrice.