Le Vatican vient d’annoncer la constitution d’un comité composé de quatre membres ayant pour but de garantir le caractère éthique de ses investissements.
La résonance de cette information dans l’actualité s’explique notamment par l’intérêt grandissant pour l’investissement responsable.
Entre manque de transparence, soupçons et scandales, l’investissement éthique a grandement souffert.
Et, la crise sanitaire du Covid-19 n’a aucunement facilité la tendance !
Mais, à présent, le vent semble tourner et le greenwashing également.
Le concept de développement durable est une question qui touche toutes les générations aujourd’hui. Nous observons ainsi un intérêt grandissant pour tenter de conjuguer le développement économique et social, les questions environnementales, la gestion des ressources naturelles et la croissance économique !
Les particuliers comme les entreprises accueillent plus favorablement l’idée de s’orienter vers des financements responsables.
Quels sont-ils ? Et quelles sont les perspectives d’avenir pour ce type de placement ? Nos experts vous aident à y voir plus clair.
Qu’est-ce qu’un investissement éthique ?
Il fait référence à l’utilisation de principes éthiques et responsables dans sa manière d’aborder la gestion de son portefeuille financier. La sélection des investissements se fait selon l’appréciation de critères précis comme la mission de l’entreprise, ses engagements vis-à-vis de la protection de l’environnement et l’impact de l’empreinte carbone de l’activité.
Si les facteurs environnementaux sont importants, investir éthique, c’est aussi choisir des sociétés qui adoptent une démarche de développement social plus humaine où la croissance ne se fait pas au détriment du respect des travailleurs.
Crises financières et investissement durable, est-ce toujours compatible ?
Elle est l’ennemie désignée, la crise économique ! Au regard de l’expérience passée, il semble plus facile d’être généreux lorsque le marché connait un indice positif.
Avec des prévisions plutôt pessimistes depuis quelques années, 15 exactement si nous prenons comme dernier indicateur la crise des subprimes de 2008. Les temps difficiles ne sont pas propices pour les investissements durables qui sont souvent considérés comme peu rentables voire comme des placements à perte.
Sous le prisme financier, il n’est pas toujours évident donc de convaincre les investisseurs de parier sur l’avenir d’un monde responsable. Il aura fallu attaquer le marché sous un angle différent qui parait plus efficace si nous comparons le résultat à celui des tentatives précédentes. Les arguments en faveur du développement durable et de la protection de l’environnement fonctionnent davantage pour réussir à toucher les potentiels investisseurs.
La manière de gérer son capital détermine les rendements financiers ; certes, mais cela détermine également l’impact que nous souhaitons avoir sur le monde. Investir sur le long terme avec des risques réduits à la fois pour son portefeuille autant que pour la planète elle-même. Un pari gagnant-gagnant qui s’avère convaincant pour toucher la nouvelle génération particulièrement sensible sur ces questions.
Les investacteurs sont aussi des purs produits de la crise, ils ont été très touchés par l’état alarmant des conditions environnementales.
Les institutions sont elles aussi de plus en plus concernées par la démarche d’un investissement éthique et responsable. Par opportunisme ou véritable conviction, la réponse n’est pas si importante tant l’urgence climatique a atteint un seuil critique.
Si d’un point de vue purement théorique, l’investissement socialement responsable est sous-performant, il est un rempart plutôt efficace en limitant les risques de perte financière. Les secteurs d’avenir sont généralement moins exposés que les investissements dits plus classiques.
Investissement socialement responsable et rentabilité
La recherche de performance est synonyme d’attractivité. Il n’est pas toujours évident de décorréler les deux surtout lorsqu’il s’agit de parler de placements financiers.
À y regarder de plus près, la performance boursière des entreprises qui empruntent la voie de l’éthique et du durable n’a rien à envier à celles qui n’ont aucunement l’intention de s’y intéresser. Les bonnes pratiques mises en place pour ces sociétés cotées en bourse sont synonymes de rentabilité avec des actions entraînant des répercussions sur le long terme.
La raison est simple, la création de valeur et leur diffusion tant en interne qu’en externe favorisent un écosystème propice à la croissance. C’est ce que rapporte une étude menée par Christophe Butz, consultant, spécialiste des questions liées à l’environnement.
La notion de risque financier engendrée par la recherche de profit au détriment de tout et de tous serait plus importante. Ce comportement expose davantage les entreprises et augmente la possibilité de faire faillite.
Doit-on être optimiste quant à l’investissement éthique pour les années à venir ?
La question est légitime et mérite amplement d’être posée. Toutefois, la réponse à apporter n’est pas assurée.
L’avenir de l’investissement durable va dépendre de l’attitude des investisseurs et des efforts entrepris par les acteurs économiques. L’équilibre entre la conscience écologique et la recherche de profit n’est pas toujours facile à trouver.
Bien que l’avenir de l’investissement durable comporte de nombreuses interrogations, l’état actuel des choses comparé aux années précédentes montre qu’il va plus loin que tout ce qui a été réalisé auparavant.
Dans un monde dominé par la performance financière et la croissance à tout prix, les entreprises qui osent transformer leur organisation vers plus de conscience écologique sont encore trop peu nombreuses.
L’économie verte n’a, quant à elle, pas encore réussi à se rendre suffisamment attractive aux yeux des investisseurs.
Toutefois, la rupture parait plus proche que jamais et la demande croissante pour des investissements éthiques confirme le changement de paradigme à venir.
L’amélioration des technologies et des techniques permet d’assumer une démarche écologique efficiente et rentable. Les actions vertes ont le vent en poupe grâce aux fintechs qui misent désormais sur un compromis entre profit et écologie.
Il y a fort à parier qu’un changement global va arriver à travers des initiatives plus isolées sur lesquelles il ne faudra pas hésiter à investir. Les entrepreneurs peuvent compter sur une réserve financière conséquente qu‘il faudra aller chercher chez les plus jeunes davantage enclins à s’orienter vers ce type d’investissement.
L’investissement durable n’est pas encore arrivé à maturité, mais on peut facilement imaginer que ce stade devrait être atteint plus rapidement en comparaison à son démarrage timide et maladroit observé sur les dix dernières années.