Les Français commencent sérieusement à se demander quoi faire de leur épargne. Pendant toute la crise, ils n’ont eu de cesse de favoriser une épargne de précaution, facilement disponible. En toute logique, ils se sont tournés vers les livrets réglementés. Mais certains ont tout simplement laissé leur épargne sur leur compte courant. Alors que tout le monde espère voir dans les prochains mois la fin de la crise sanitaire et une reprise de l’économie, les épargnants commencent à se questionner sur leur épargne accumulée.
Placer son épargne sur des livrets réglementés
En dépit de leur faible rémunération, les livrets réglementés ont toujours la faveur des Français. L’an passé, alors que la crise à la fois sanitaire et économique s’installait en France et dans le reste du monde, ils se sont rués sur le livret A. Pour l’ensemble de l’année 2020, ce produit a enregistré une collecte record de 26,39 milliards d’euros. Celle du Livret de développement durable et solidaire se monte à 8,82 milliards d’euros. En hausse de 9,1 % par rapport à 2019, les encours globaux – soit les réserves faites par les Français, intérêts compris – atteignent un niveau jamais vu de 448,3 milliards d’euros. Il est vrai que ce surcroît d’épargne était un peu forcé. Les mesures de confinements, les fermetures de commerce ont empêché les Français de consommer.
Ces livrets n’offrent que peu de rémunération avec un taux d’intérêt de 0,5%. Mais ils répondent à un besoin d’épargne liquide, immédiatement disponible et répondant donc aux attentes des épargnants soucieux de préserver leur argent dans un contexte de crise économique. On joue ici la sécurité. Le gouvernement vient de reconduire leur taux de rémunération. Fixé à 0,50% depuis février 2019, ce taux restera donc applicable au moins jusqu’au 1er aout 2021.
Le plafond des livrets A est de 22950 euros, hors intérêt. Dans le cas d’un livret plein, le gain annuel pour l’épargnant est donc d’un peu moins de 115 euros par an. C’est peu, mais devant l’incertitude, il y a fort à parier que les Français continueront de jouer la sécurité et opteront pour l’épargne réglementée.
L’assurance vie
L’assurance vie a souffert en 2020 d’une décollecte record. Ce produit d’épargne a pourtant toujours eu l’heur de plaire aux Français au point d’en faire leur placement préféré. Plus pour longtemps ? Ca reste à voir. Certes, les rendements des fonds en euros sont en chute libre. Mais cela ne date pas d’hier puisque cette baisse de rendement a débuté il y a près de 20 ans. Les taux sur ces produits sont, en effet, passés de 5,3% en 2000 à 1,4% en 2019.
En 2020, les rendements ont reculé pour une quasi majorité des contrats d’assurance vie. Cependant, certains fonds en euros ont affiché des taux se situant en moyenne entre 1,6% et 1,9%, ce qui est très correct au regard du contexte. D’autant que tout au long de l’année 2020, les assureurs n’avaient eu de cesse de tenir des propos alarmistes et de prévenir des mauvais rendements à venir pour l’année 2020.
Mais d’autres ont dû se contenter de rendements nettement moins performants. Les contrats proposés par CNP pour la Banque postale ont été inférieurs à 1%. Même schéma pour les contrats d’assurance vie des Banques populaires et des caisses d’épargne.
Globalement, l’assurance vie devrait continuer de séduire les Français cette année. Elle reste en effet un bon produit d’épargne et une bonne solution pour placer son épargne excédentaire, accumulée tout au long de l’année 2020.
L’immobilier
La pierre reste un bon placement surtout au regard des taux d’intérêt historiquement bas. Le Pinel vit ses dernières heures, mais il est encore possible en 2021 d’en bénéficier et d’investir dans l’immobilier locatif. Même si les avantages ont été rognés, le dispositif Pinel vaut encore le détour. Cependant, les réductions d’impôts seront rabotées à partir de 2023. Il reste donc peu de temps pour profiter de la ristourne fiscale offerte par ce dispositif. Mais attention, selon une étude publiée fin 2019 par l’inspection générale des finances, un investissement Pinel sur deux ne serait pas rentable. La perte de rendement intervient au moment de la revente. En l’absence de hausse des prix de l’immobilier, et donc en absence de plus-value à la revente, l’IGF a calculé qu’un investissement Pinel pouvait faire perdre 16.000 euros à un investisseur, contre une perte de « seulement » 11.000 euros en moyenne pour un investissement dans l’ancien.
Acheter un bien immobilier reste cependant toujours investissement prometteur. Y compris pour ceux qui n’auraient pas une large assise financière. Investir dans des places de parking ou des chambres de bonnes nécessite une moindre mobilisation de capital et peut constituer une bonne idée d’investissement en 2021. Plus que jamais, il conviendra d’être attentifs aux emplacements choisis afin de s’assurer des meilleurs retours.
SCPI
Si l’immobilier « pierre » ne vous tente pas, la pierre papier offre de belles possibilités. En 2020, l’investissement dans les SCPI a gardé une belle croissance et a résisté à la crise. Les SCPI ont fait la preuve d’une forte résilience face à la crise. L’année 2020 avait extrêmement bien commencé avec une collecte exceptionnelle de 5,56 milliards d’euros au premier trimestre. Mais l’élan a été stoppé net avec le premier confinement. Cependant, on a plus assisté à une diminution des inscriptions plutôt qu’à un retrait massif.
Les rendements n’ont que très peu baissé par rapport à 2019. Ils ont atteint en moyenne 4,20% en 2020. C’est 0,15 point de moins qu’en 2019 (4,35%) mais cela reste un très beau rendement. Les experts en gestion de patrimoine restent optimistes pour les performances des SCPI en 2021. Cependant, il faudra bien faire le tri et choisir des SCPI qui ne seront pas dans des secteurs encore touchés par la crise. Les SCPI investies dans l’immobilier de tourisme resteront donc à risque tant que la situation sanitaire ne s’améliorera pas. Il faudra privilégier les SCPI les moins vulnérables et opter pour une plus grande diversification des secteurs afin de diluer le risque.
Les actions
Ignorant la crise sanitaire, les particuliers sont revenus en masse sur les marchés: selon l’Autorité des marchés financiers (AMF), près de 400.000 Français ont fait leurs premiers pas en Bourse en 2020, amplifiant le mouvement déjà amorcé l’année précédente avec le succès de la privatisation de La Française des jeux (FDJ). En deux ans, les rangs des investisseurs individuels actifs à la Bourse de Paris se sont étoffés de près de 800.000 personnes selon l’AMF. Beaucoup ont acheté des actions alors que la bourse était au plus bas, en mars.
Alors que les perspectives économiques pour 2021 sont plus optimistes, les analystes sont confiants sur les possibilités offertes par les marchés financiers. Acheter des actions s’avérer très profitable. Outre la plus-value que l’on peut obtenir lors de la revente, les dividendes distribués aux actionnaires peuvent être intéressants. Bien qu’en 2020, les dividendes ont parfois été réduits à peau de chagrin, cette année pourrait offrir de bien meilleures perspectives en la matière.
Mais attention, l’investissement en bourse reste très risqué et la perte du capital investi est une possibilité. La notion de risque doit rester bien en tête. Certes, les rendements des actions peuvent être bien supérieurs à d’autres produits surtout lorsqu’on les calcule sur une base de plusieurs années. Mais encore faut-il accepter une part de risque.