En comptant 9,2 millions de personnes sous le seuil de pauvreté en France et une situation inflationniste qui n’est pas encore arrivée à son terme… que peut-on prévoir pour les foyers les plus modestes dans un contexte économique instable ?
Le taux de pauvreté et celui de l’inflation semblent intimement liés. Si la France se place parmi les bons élèves européens, que peut-on attendre des prochains mois ?
Et surtout, comment faire face à une augmentation des prix record pour les faibles revenus ? Zoom sur une situation complexe qui touche plus de 10 % des familles françaises.
Le seuil de pauvreté français comparé aux autres voisins européens
La France est l’un des pays d’Europe où le taux de pauvreté est parmi les plus faibles d’Europe. C’est ce que révèlent les données d’Eurostat.
Ce taux s’élevait à 8,3 % au seuil de 50 % du niveau de vie médian. La meilleure élève est la Finlande avec un taux de 5,1 %. Alors que la moyenne européenne avoisine les 10 %, l’Italie avec 13,4 %, l’Espagne (14,6 %) ou encore la Roumanie (16 %) sont les pays présentant le taux de pauvreté parmi les plus élevées de l’EU.
Pour obtenir ce pourcentage, il faut prendre en compte le revenu médian de chaque pays.
Depuis 2021, le seuil de pauvreté en France est fixé à 1 102 euros par mois pour une personne seule et 2 314 euros pour un couple avec deux enfants âgés de moins de 14 ans.
Les raisons qui expliquent la pauvreté en France
Si le taux de pauvreté en France reste stable depuis quelques années, on assiste à une dégradation des conditions de vie de certaines catégories de la population. Une précarité qui s’est creusée depuis la crise du covid-19 entrainant temps partiel et chômage, l’emploi étant l’une des raisons principales du basculement des familles dans une situation économique difficile.
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Les familles monoparentales
Sur les 8 millions de familles qui ont au moins un enfant mineur à charge, une sur quatre est une famille monoparentale soit environ 2 millions.
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Un accès difficile au logement
Des conditions de vie qui ne sont pas en adéquation avec le maintien d’une activité professionnelle encouragent davantage une situation de précarité. Et lorsque l’accession au logement est possible, ces derniers sont soit de taille inadaptée soit offrant un loyer trop important. C’est le cas de quatre ménages pauvres sur 5 qui consacrent plus de 30 % de leur revenu pour ce poste de dépense.
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Le chômage
Les non-diplômés sont les plus susceptibles de se retrouver parmi les personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté. Le taux de chômage pour cette catégorie est 2,7 fois plus élevé que les autres catégories justifiant d’un bac + 2 minimum. On pourrait également aborder le sujet de la digitalisation voire de la robotisation des métiers qui a considérablement transformé le monde du travail. Certains spécialistes annoncent que 50 % des métiers devraient être amenés à disparaitre d’ici 2030.
Au total, ce ne sont pas moins de 9,2 millions de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté en France. Un chiffre qui augmente depuis 2015 où seulement 14,2 % de la population était concernée contre plus de 14,6 % en 2020.
L’inflation pour aggraver un peu plus la situation des pauvres en France ?
Les observations des conséquences de l’inflation historique que nous traversons actuellement montrent que les premières victimes sont les pays les plus pauvres. La France s’en sort mieux notamment en raison d’une économie moins affectée par les conflits mondiaux, cause principale de la flambée des prix.
Alors que le gouvernement français tente de soutenir le maintien voire l’augmentation des salaires comme cela fût le cas avec l’augmentation des fonctionnaires, les pays pauvres, eux, n’arrivent à conserver un niveau de revenus, des travailleurs, suffisant en comparaison du rythme inflationniste subit.
En France, les écarts entre les ménages les plus pauvres et les revenus les plus élevés se creusent encore un peu plus. Si les prix ont augmenté de 6,3 % pour tout le monde, il est évident que l’impact sur les faibles salaires est beaucoup plus important.
En seulement 10 ans, le patrimoine des 500 ménages les plus riches est passé de 10 % à 30 % du PIB. L’inflation fragmente les tranches de la population bien plus qu’auparavant.
Les pauvres qui deviennent plus pauvres ne sont pas qu’une annonce télévisée mais bel et bien une tendance qui se confirme. La crise du covid-19 n’y est pas pour rien. En effet, les revenus du capital ont continué d’affluer alors que les revenus du travail ont été stoppés nets en raison des règles liées au confinement.
Comment contrer les effets de l’inflation sur les familles précaires ?
L’inflation va avoir des conséquences dont les plus exposés seront bien évidemment les ménages qui rencontrent le plus de difficultés financières. Si l’épargne et l’investissement peuvent permettre de protéger les quelques économies de côté, c’est un changement dans les habitudes de consommations qui semble être la solution la plus efficace.
La chasse aux bonnes affaires dans les supermarchés ainsi que la réduction des dépenses tels que les abonnements téléphoniques, internet ou encore les assurances vont permettre de réduire un budget mensuel qui n’a cessé d’augmenter ces dernières années.
Les ménages les plus modestes pourront également compter sur un retour à la normale dès 2023. Si l’on considère que la hausse des prix est arrivée à son pic, le scénario le plus probable serait un reflux progressif de l’inflation avec un taux maintenu à 2 %.
Un autre phénomène probable, celui d’une déflation généralisée avec certes une baisse des prix pouvant profiter aux plus pauvres, mais qui engagerait le pays dans une situation complexe. Baisse des salaires, augmentation du chômage, ce qui affecterait à terme, le revenu des ménages.