Le début d’une nouvelle semaine n’y aura rien fait. Les marchés restent, en effet, extrêmement nerveux. La peur s’est bel et bien installée durablement. La preuve avec le CAC 40 qui, au moment où nous écrivons ces lignes, cédaient encore 0,24 % à 5 826,77 points et un volume d’affaires mince comme l’épaisseur d’un papier de cigarette avec 200 millions d’euros échangés sur la valeur de l’indice.
En cause les craintes de récession qui pèsent sur l’ensemble de la zone euro alimentées par le durcissement de la politique monétaire des banques centrales. Lors de sa prochaine réunion, prévue le 27 octobre, la BCE devrait à nouveau relever ses taux directeurs de 75 points de base, identique donc, à a décision prise le 8 septembre dernier.
La Banque centrale européenne ne dévie donc pas de son cap : la lutte contre l’inflation comme priorité absolue, quitte à accentuer les risques de récession qui font tant trembler les marchés financiers.
Une peur qui se propage
Il faut dire que l’optimisme n’est guère de saison. La peur des marchés se justifie amplement. Et, en ce qui concerne la France, ce n’est pas la dernière note de l’Insee qui risque de remonter le moral des investisseurs.
Certes, en ce qui concerne 2022, l’Hexagone devrait échapper à la récession avec une croissance de 2,6 %. Mais la fin de l’année s’annonce particulièrement morose. Sur le troisième trimestre, la croissance du PIB devrait être de 0,2 %, marquant fortement le pas. Mais elle devrait être de 0 % sur les trois derniers mois.
De fait, tandis que les services pourraient encore progresser au cours du troisième trimestre, il n’en est pas de même du côté de l’industrie avec un repli de l’activité manufacturière. Celui-ci sera particulièrement visible dans les domaines de la métallurgie, de la chimie, du caoutchouc et du plastique. Soit autant d’industries particulièrement consommatrices d’énergie.
De son côté, l’inflation devrait tourner autour de 5,2 % sur l’ensemble de l’année.
Pas d’amélioration avant 2024 ?
Le document de l’Insee ne dit rien de 2023. Mais plusieurs organismes ont d’ores et déjà émis leurs prévisions pour la France. Elles varient de 0 % pour Rexecode, à +0,5 % pour la Banque France et +0,6 % pour l’OCDE. Bref, rien ne vraiment réjouissant qui pourrait contribuer à faire baisser le niveau de peur qui caractérise aujourd’hui les marchés.
D’autant que tout cela demande encore à être affiné et que l’Hexagone subira fortement le contre-coup si la situation économique devait continuer à se dégrader en Europe. Et là encore, les prévisions ne laissent que peu de place à l’optimisme. Ainsi l’OCDE, anticipe déjà un scénario de récession pour l’Allemagne en 2023. Le PIB allemand devrait reculer de 0,7 %, l’an prochain.
Une contreperformance qui ne sera pas sans conséquences sur les économies des partenaires de l’Allemagne, à commencer par la France. « La récession et l’inflation domestique à combattre sont devant nous, on ne verra probablement pas d’amélioration avant 2024 », estime l’économiste Gustavo Horenstein.
De quoi, incontestablement, continuer à alimenter la peur des marchés. Jusqu’à quand ?