En matière de placement et d’épargne, les Français sont plutôt conservateurs. Si certains ont profité de la crise pour faire des incursions sur les marchés boursiers, ou bien se sont laissé tenter par des placements alternatifs, il n’en demeure pas moins que les placements bancaires, l’immobilier et l’or ont gardé la faveur du grand public. Preuve s’il en est de la prudence des Français face à la crise.
Placement et épargne : privilégier la sécurité
La crise sanitaire et ses conséquences économiques ont un effet majeur sur les choix des Français en matière d’épargne. Selon l’Insee, l’épargne brute des ménages français en 2020 a représenté pas loin de 318 milliards d’euros. Au total, c’est 100 milliards de plus que l’année précédente. Faute de pouvoir consommer du fait des confinements, les Français ont épargné l’an dernier 21,3% de leur revenu brut disponible. En 2019, ce taux ne dépassait pas 15%.
Sans surprise, les épargnants ont privilégié la sécurité en optant pour l’épargne réglementée, notamment le livret A. Ils ont déposé en 2020 au total 26 milliards d’euros sur les livrets A, soit près de 10 milliards d’euros de plus qu’en 2019 et plus du double de 2018.
Selon une enquête OpinionWay, chaque mois, 276 euros auraient été épargnés, un record. Bien évidemment, sous ces chiffres se cachent des disparités. Les revenus les plus faibles sont ceux qui ont le moins épargné.
Ce choix correspond à une vision assez pessimiste de l’économie. Ils ont ainsi privilégié une épargne immédiatement disponible. Plus encore, certains n’ont pas même pris la peine d’orienter leur argent vers cette épargne réglementée et ont laissé leur argent s’accumuler sur leur compte courant. Au total, 120 milliards y auraient été amassés, de l’argent dormant prêt à être utilisé en cas de problème, mais aussi prêt à être dépenser dès que la reprise économique s’amorcera.
L’assurance-vie repart
2020 a été une année en demi-teinte pour l’assurance vie qui a été boudée par les Français. Cependant, après 7 mois de décollecte l’an passé, la situation de ce placement semble s’améliorer. L’année 2021 a en effet plutôt bien commencé. En février et pour le troisième mois consécutif, les sommes placées par les épargnants sur un contrat d’assurance-vie ont excédé les prestations versées par les assureurs au titre de ces contrats. La « collecte nette » de ce placement traditionnellement très prisé des Français pour sa sécurité et ses avantages fiscaux s’est ainsi établie à 1,6 milliard d’euros, selon les chiffres publiés par la Fédération française de l’assurance (FFA).
La collecte nette est certes inférieure à celle du mois précédent (2 milliards), mais elle dépasse celle enregistrée au mois de février 2020, avant le premier confinement (1,3 milliard).
Ces chiffres conforment donc les prévisions de certains acteurs du secteur qui considèrent que ce marché pesant près de 1.800 milliards d’euros va de nouveau se développer après une année fortement perturbée par la crise du Covid. Du côté des PER, la Fédération française de l’assurance annonce 68.000 contrats supplémentaires, dont 17.000 contrats issus de transferts sur le seul mois de février.
L’immobilier : un placement qui rassure
Les Français ont toujours eu un lien privilégié avec ce placement. La pierre a toujours été considérée comme une véritable valeur refuge, et ce, y compris en 2020 où la demande est restée vive. Selon l’étude annuelle de l’Insee sur l’immobilier, près de 60% des Français sont déjà propriétaires de leur logement. Ils ne devraient pas renoncer à ce mode de placement, particulièrement dans un contexte où il reste difficile de se projeter. D’ailleurs, si des baisses de prix ont été enregistrées dans certaines villes et quartiers, globalement, le marché est resté résilient l’an passé et les prix ont continué de progresser.
Ainsi, même si le contexte économique et sanitaire reste encore fragile et incertain, les fondamentaux du marché immobilier et ses moteurs (désir d’accession à ma propriété et taux d’intérêt toujours attractifs) ne devraient pas être remis en cause.
Placer son argent dans l’immobilier reste donc un choix privilégié pour les épargnants. Selon une étude réalisée par OpinionWay pour le site AuCoffre, 23% des Français interrogés considèrent même que c’est le moyen le plus approprié pour épargner, devant le livret A et l’assurance-vie.
Reste à savoir si cette grosse cote d’amour pour la pierre se concrétisera dans les mois à venir. En effet, si les taux demeurent attractifs, les banques deviennent de plus en plus restrictives dans l’octroi de crédit immobilier.
L’or reste une valeur refuge, la bourse commence à séduire
En dépit de la récente baisse des cours, l’or continue de séduire, porté par sa progression enregistrée en 2020, alors qu’il dépassait les 2000 dollars l’once. Valeur refuge par excellence, cette matière première conserve sont statut de réserve de valeur. Selon les personnes interrogées par OpinionWay, ils sont également 66% à y voir un actif sûr qui ne risque pas de perdre sa valeur à long terme. 73% considèrent l’or comme une solution pertinente pour protéger leurs économies. Pourtant, les experts restent en partie circonspects sur ce placement qui ne distribue ni revenu, ni intérêt et qui, sur le long terme, ne semble pas être toujours gagnant. Les épargnants qui ont acheté de l’or au plus haut en 1980, ont mis 28 ans à retrouver leur mise ! Pire, si on tient compte de l’inflation, ils demeurent toujours perdants quarante ans après avoir investi dans un actif qu’ils pensaient sans risque…
Quant à la bourse, les Français en ont toujours été méfiants. Certes, au cœur de la crise en 2020, on a pu assister à un frémissement. L’AMF a ainsi mis en évidence un nouvel intérêt des particuliers pour les marchés financiers. Au total, 1,344 million d’investisseurs particuliers sont intervenus sur le marché en 2020, a révélé l’Autorité des marchés financiers (AMF). Parmi eux, 410.000 n’avaient jamais passé d’ordre de Bourse jusqu’ici ou étaient inactifs depuis janvier 2018. Ils ont donc fait leur premier pas en Bourse (ou leur retour) en 2020, à la faveur semble t-il du confinement qui a obligé les Français à rester cloîtrer chez eux. De là à dire qu’une nouvelle tendance se dessine… Il en faudra un peu plus.