C’est un nouveau record pour le livret A. En décembre, le placement préféré des Français a enregistré un encours de 326.5 milliards d’euros.
C’est le carton plein pour les livrets réglementés que sont le livret A et le LDDS (livret de Développement Durable et Solidaire). A eux deux, ils ont comptabilisé au total 448,3 milliards d’euros pour le dernier mois de l’année 2020, soit une progression de plus de 9% par rapport à l’année précédente.
La sécurité du livret A plébiscitée pendant la crise
Pour l’ensemble de l’année 2020, le livret A et le LDDS ont engrangé 35,2 milliards d’euros nets en 2020, contre 16,6 milliards en 2019. Ils signent ainsi leur deuxième meilleure collecte annuelle, derrière celle réalisée en 2012 à 49 milliards. « Ça représente 50 euros par mois et par livret. C’est un record depuis 2012, c’est énorme », a commenté le directeur général de la CDC, Eric Lombard, mercredi à l’antenne de RTL.
La crise du coronavirus et les incertitudes économiques et financières ont poussé les Français à favoriser l’épargne réglementée avec en tête le livret A. L’inquiétude générée par la crise explique l’engouement suscité par ces livrets dont les taux d’intérêt annuels très faibles ne dépassent pas 0.5%. Ils permettent de garder son épargne toujours disponible, ce qui en fait un produit sûr en temps de crise.
Le recours à l’épargne a été accéléré par les mesures de confinements prises au plus fort de la pandémie. Les Français ne peuvent plus dépenser. Ils épargnent.
Favoriser une épargne disponible et liquide
Pour faire face à la crise, les Français ont en effet privilégié l’épargne de précaution très liquide, immédiatement disponible. Et cette tendance ne devrait pas reculer, du moins pour le moment. Selon les estimations de la Banque de France, les Français devraient avoir épargné (tout produit confondu) près de 200 milliards d’euros de plus qu’en temps normal sur la période 2020-2021. 200 milliards d’euros en plus des niveaux habituels : du jamais vu. C’est cet élément qui a d’ailleurs participé à la révision du taux de croissance par la Banque de France. Les ménages ne consomment plus et préfèrent thésauriser y compris sur les comptes courants (qui ne rapportent rien) dont les avoirs atteignent des montants jamais vu. Or cet argent épargné n’est ni consommé ni injecté dans l’économie. Ce qui n’est pas sans conséquence car la consommation reste un des socles de la croissance.
Décollecte pour l’assurance-vie
Ces chiffres contrastent singulièrement avec ceux de l’assurance vie, de loin le placement préféré des Français. Avec près de 1.800 milliards d’euros d’encours, l’assurance-vie a été très fortement bousculée par la crise sanitaire et économique. Au cours des mois de mars, avril et mai, deux milliards d’euros ont été retirés de l’assurance vie. Les mois suivants, les retraits se sont poursuivis, mais moins massivement.
Sur les 11 premiers mois de l’année, les compagnies d’assurance vie ont ainsi vu le départ de 7,3 milliards d’euros, alors qu’elles avaient récolté plus de 23 milliards d’euros sur la même période en 2019. Il est vrai qu’avec des taux d’intérêt négatifs, tout le monde se rend compte que l’assurance-vie rapporte moins d’argent par rapport à il y a quelques années.
On assiste donc à une accumulation du cash sur les livrets immédiatement disponibles comme les livrets A et les LDDS, mais aussi sur les comptes courants dépourvus de toute rémunération. Pour nombre de spécialistes, cette tendance pourrait encore perdurer et ne faiblira pas tant que la covid-19 ne sera pas maitrisée. Une interrogation demeure: jusqu’à quand l’épargnant restera sur ce type de livret réglementé comme le livret A? Doit-on s’attendre à terme à une déplacement de cette épargne vers des placements à rémunération plus attractive.