L’institution monétaire française, dans sa note de conjoncture publiée en juin, explique cette révision par plusieurs facteurs. D’abord, la remontée des taux d’intérêt au cours des deux dernières années, décidée pour juguler l’inflation, continue de peser lourdement sur l’investissement des entreprises comme sur la consommation des ménages. Les effets de cette politique monétaire restrictive ne sont pas encore totalement dissipés, et devraient continuer de freiner l’activité économique en 2025. À cela s’ajoutent des incertitudes géopolitiques, en particulier liées à la guerre en Ukraine, aux tensions commerciales internationales et à la fragmentation accrue des chaînes de valeur mondiales, qui assombrissent les perspectives de reprise.
Dans ce contexte morose, la croissance française devrait à peine dépasser les 0,6 % en 2025, un niveau qualifié de « modeste » par la Banque de France. En comparaison, l’année 2024 est attendue avec un taux de croissance légèrement supérieur, estimé à 0,8 %. Quant à l’année 2026, l’institution table sur un léger rebond, avec une prévision de 1,3 %. Mais ce scénario reste conditionné à une décrue plus nette de l’inflation et à une stabilisation du cadre international. Ces nouvelles projections remettent en question les marges de manœuvre budgétaires du gouvernement, notamment à l’approche d’échéances électorales et dans un contexte de tensions sociales croissantes.
La Banque de France reste cependant prudente quant aux perspectives d’inflation. Bien que celle-ci soit en recul après avoir atteint des sommets post-Covid et en raison de la crise énergétique, le retour durable à l’objectif des 2 % reste incertain. L’inflation sous-jacente, qui exclut les prix volatils de l’énergie et des produits alimentaires, reste encore élevée, ce qui pourrait retarder toute détente significative des taux d’intérêt. De plus, le marché du travail, bien qu’encore résilient, commence à montrer des signes de tension, notamment avec un ralentissement des créations d’emploi dans plusieurs secteurs clés.
En somme, la révision à la baisse des prévisions de croissance par la Banque de France reflète une économie française fragilisée, prise entre les séquelles d’une inflation persistante, les effets durables de la politique monétaire restrictive de la BCE, et une instabilité géopolitique difficile à anticiper. Si le gouvernement entend continuer à porter des politiques de soutien à l’activité, il devra composer avec des marges budgétaires de plus en plus étroites et une exigence de rigueur accrue imposée par Bruxelles. La croissance, dans ce contexte, s’annonce lente, incertaine et dépendante de nombreux paramètres hors de portée du politique national.






