La Bourse de Paris continue de tutoyer des sommets. A l’heure où nous écrivons ces lignes, le CAC 40 se stabilisait autour des 7 500 points (7514,08 pour être précis).
L’indice avait connu une grande première le vendredi 14 avril en clôturant au-dessus des 7 500 points. Un record historique !
Un regain d’optimisme semble donc souffler sur les investisseurs, après une année 2022 particulièrement mauvaise, où le CAC 40 avait perdu 9,75 %, son recul le plus important depuis quatre ans.
Pourquoi la bourse monte
En ce mois d’avril 2023, la situation de la bourse est donc toute autre. Comment l’expliquer, alors que l’économie mondiale flirte toujours avec l’incertain, avec un niveau d’inflation toujours haut et une crise ukrainienne qui est loin d’être terminée ?
Pour le comprendre, il faut revenir aux décisions monétaires mises en place par les banques centrales pour lutter contre la hausse des prix. Le resserrement monétaire qui s’en est suivi, marqué par une hausse continue des taux d’intérêt, a contribué à plomber les marchés financiers.
Toutefois, avec un rythme de progression de l’inflation qui décélère tant aux Etats-Unis qu’en Europe, les investisseurs reprennent des couleurs et la bourse sourit à nouveau. Ces derniers escomptent, en effet, sur des hausses de taux moins abruptes que ceux pratiqués tant par la Fed que par la BCE durant les mois précédents.
Mais ce regain d’optimisme est-il vraiment justifié ? Tournons-nous vers l’Europe où, malgré un ralentissement, l’inflation reste de 2 points supérieure dans la zone euro à celle constatée outre-Atlantique.
Dans ce contexte, la BCE va-t-elle continuer sa politique agressive d’augmentation des taux ou bien prendre en compte la décélération constatée de la hausse des prix (+8,6 % en janvier ; 8,5 % en février ; 6,9 % en mars) pour appuyer sur la pédale de frein et proposer une politique (un peu) moins restrictive ?
Au sein de la BCE, des voix divergentes
Le moins que l’on puisse dire, c’est que rien n’est pour le moment acté et que des voix discordantes se sont prononcées à ce sujet au sein même de l’institution financière européenne. En mars dernier, la BCE a relevé ses taux de 50 points de base pour la 6e fois de suite.
Et pour Olli Rhen, gouverneur de la banque de Finlande et membre du conseil des gouverneurs de la BCE, pas de doute. Il faut poursuivre dans cette voie. « L’inflation est encore trop haute. Nous devons agir en conséquence et poursuivre nos efforts en la matière », a déclaré ce dernier à la chaîne américaine CNBC.
Pour autant, au sein de l’institution européenne, d’autres voix se veulent plus conciliantes et affirment qu’un réexamen de la trajectoire des taux d’intérêt pourrait être envisagé, avec une prochaine de « seulement » 25 points de base.
Quoi qu’il en soit, l’avenir reste incertain et l’inflation n’est probablement pas encore vaincue. La preuve aux Etats-Unis, avec la remontée des anticipations d’inflation à un an.
Dans ce cas, les banques centrales pourraient tenir (ou revenir à) une politique monétaire restrictive, plongeant la bourse (tant en France que dans le monde) dans de nouvelles turbulences.
Voilà pourquoi l’embellie actuelle pourrait ne pas durer.