Du mieux pour le secteur privé en France, mais la crise ukrainienne menace.
Après un ralentissement en janvier suite à la multiplication des cas des Covid, la croissance de l’activité du secteur privé français s’est effectivement accélérée. L’indice composite de l’activité globale IHS Markit PMI France s’est redressé de 52.7 pour le premier mois de l’année à 55,5 en février.
Si la hausse de l’activité des prestataires de services a été légèrement plus marquée que celle de la production chez les fabricants, la croissance a toutefois affiché un rythme soutenu dans chacun des deux secteurs couverts par l’enquête.
Cette hausse reflète une augmentation de la demande avec pour conséquence un volume global des nouvelles affaires qui a suivi une trajectoire parallèle, tant dans le secteur manufacturier que dans celui des services.
Croissance des services: des anticipations à la hausse
Dans ce dernier domaine, les perspectives d’activité des prestataires de services français sont demeurées très favorables en février, près de la moitié des répondants à l’enquête (47%) anticipant en effet une hausse de leur activité dans l’année à venir. Les entreprises fondent généralement leurs prévisions de croissance sur un assouplissement des restrictions sanitaires et sur un renforcement attendu de la demande dans les douze prochains mois.
Parallèlement, les données sur les prix continuent de mettre en évidence de fortes tensions inflationnistes dans le secteur des services français. Poussés à la hausse par l’envolée des cours des matières premières, ainsi que par une augmentation du coût de l’énergie et des salaires, les prix payés par les prestataires de services ont fortement progressé.
Bien que l’inflation ait marqué le pas par rapport à janvier, son rythme est resté parmi les plus élevés depuis le début de l’enquête. De même, les prix facturés ont fortement augmenté au cours du mois, l’inflation n’ayant que faiblement ralenti par rapport au pic de vingt et un ans atteint en janvier.
L’inflation reste d’ailleurs un sujet de préoccupation majeure. « D’importants risques baissiers continuent toutefois de menacer la croissance, notamment l’inflation qui s’oriente clairement à la hausse. La flambée des prix de l’énergie et l’augmentation des salaires pèsent sur les coûts des entreprises, qui disposent par ailleurs d’un fort pouvoir de tarification », note Joe Hayes, Senior Economist à IHS Markit.
Le poids de la crise ukrainienne
Bien entendu, ces résultats n’intègrent pas les derniers soubresauts géopolitiques. La guerre déclenchée en Ukraine par Vladimir Poutine va, sans aucun doute, exacerber les tensions inflationnistes. En témoigne les cours de matières premières qui ne cessent de flamber.
Au moment où nous écrivons ces lignes le Brent enregistré à près de 120 dollars un nouveau pic. Le 3 mars, un nouveau record tombait sur le marché européen des céréales à 381,75 euros la tonne pour le blé et 379 euros pour le maïs.
Et pour cause ! La Russie et l’Ukraine devraient à eux deux représenter 28,5% des exportations mondiales de blé en 2021, selon le département américain de l’Agriculture, tandis que ces deux mêmes pays totalisent 19 % des exportations de maïs. Ces fortes tensions vont fatalement se voir répercuter sur les prix au consommateur final. Avec pour conséquence, une croissance en berne.
Les banques centrales dans le brouillard
Les banques centrales se retrouvent aujourd’hui face à un véritable dilemme. Pour lutter contre une inflation déjà galopante (5,8 % en zone euro) avant le conflit ukrainien, celles-ci avaient prévu de relever les taux (à des rythmes différents aux Etats-Unis et en Europe). Mais procéder ainsi dans le contexte actuel, c’est également prendre le risque de freiner une croissance déjà grandement menacée par les nouveaux événements. La réunion que doit tenir la BCE le 10 mars sera l’occasion pour elle de faire le point sur les conséquences de la guerre en Ukraine. De quoi lever, au moins en partie, le brouillard ?