Cette fois c’est fait. La BCE (Banque centrale européenne) a relevé aujourd’hui ses taux d’intérêt de 50 points de base. En conséquence, le refi est passé à 2,50 % et le taux de facilité de dépôt à 2 %. L’institution européenne se place ainsi dans le sillage de ses équivalents anglais et américains.
Hier, la Fed a également relevé ses taux de 50 points de base. Aux Etats-Unis, le taux directeur se situe maintenant dans la fourchette 4,25 %-4,5 %. Il devrait se fixer à 5,1 % d’ici à la fin de l’année prochaine.
Taux d’intérêt et inflation
Dans un cas (la BCE), comme dans l’autre (la Fed), l’objectif est, bien entendu, la lutte contre l’inflation. Selon les prévisions américaines, l’indice des prix des dépenses de consommation personnelle, qui s’élève actuellement à 6 % – devrait diminuer à 3,1 % au dernier trimestre de l’année prochaine et à 2,5 % à la fin de 2024.
Aux Etats-Unis, le rythme de l’inflation a ralenti. La hausse des prix s’est fixée à 7,1 % en novembre, soit la plus faible progression enregistrée outre Atlantique depuis décembre 2021.
Pour autant, la Fed entend bien ne pas relâcher sa vigilance. Au prix d’aggraver la situation économique. Selon, l’institution US les perspectives de croissance économique sont en berne. La projection médiane de la croissance du PIB en 2023 est désormais de 0,5 % contre une prévision de 1,2 % en septembre.
En Europe également, les prévisions concernant l’inflation ont été relevées. La BCE prévoit désormais une hausse des prix moyenne à 6,3% en 2023 (contre 5,5% prévus précédemment).
L’inflation moyenne devrait ensuite faiblir à 3,4 % et à 2,3 % en 2025, objectif visé par la BCE. Quant au PIB européen, il devrait être de 0,5% en 2023, avant de remonter à 1,9 % en 2024 et 1,8% en 2025.
La zone euro devrait donc échapper à la récession, tout comme les Etats-Unis. Et dans les deux zones géographiques, la politique de resserrement monétaire devrait se poursuivre, mais à un rythme plus modérée si l’inflation commence à être maîtrisée.
Vers un récession mondiale d’ampleur ?
Toutefois, certains économistes ne partagent cette analyse. C’est notamment le cas de Nouriel Rubini. Rendu célèbre car il avait prédit la crise des subprimes, ce dernier est professeur d’économie à la Stern School of Business de l’université de New York. Selon ce dernier, l’avenir n’ a rien de rose. Et aucune politique de taux n’y pourra rien.
Pour lui, le monde fonce tout droit vers une grave récession accompagnée d’une crise financière de grande envergure. Et les politiques n’auront que peu d’outils à leur disposition pour y faire face. D’autant que, selon Roubini, l’envolée de la dette publique et privée, qui est passée de 200 % du PIB en 1999 à 350 % en 2021, n’est plus soutenable.