Attention, attention, la stagflation menace. Telle est du moins la conclusion des Perspectives d’investissement 2022 qu’Amundi, premier gérant d’actifs en Europe, vient de publier. Pour la société française, pas de doute. « Nous entrons dans un nouveau régime financier avec des caractéristiques similaires à celles des années 1970. »
La stagflation, c’est quoi ?
La stagflation est une situation économique caractérisée par une croissance de l’activité nulle ou très faible et une inflation. Elle s’accompagne en général d’un taux de chômage élevé et a caractérisé les économies des années 1970. Selon Amundi, l’histoire risque fort de repasser les plats ? « L’inflation s’avérera permanente et incertaine, alimentée par les contraintes d’approvisionnement et l’extension des pénuries à tous les secteurs de l’économie. La désynchronisation des tendances de croissance et d’inflation revient en force et impactera la mondialisation. »
Quelles conséquences pour les investisseurs ?
Pour Vincent Mortier, directeur adjoint des gestions d’Amundi, « si en 2022, le cycle de la reprise de la croissance devrait se prolonger, la frénésie des marchés ne devrait en revanche pas durer. Dans un contexte où la croissance va ralentir et les banques centrales vont réduire leur achat d’actifs en raison d’une inflation qui sera plus permanente que transitoire, suivi d’une séquence où on s’attend à une multiplication des plans de relance et à une nouvelle accélération de la croissance, les investisseurs devront être prudents. Ils devront rechercher des points d’entrée pour compléter leurs positions stratégiques sur les actions, les matières premières et les marchés émergents, en cohérence avec l’entrée du cycle de marché dans sa phase finale ».
Cibler les rendements réels
Pour les investisseurs, la conclusion est claire. Dans un contexte de stagflation, ils devront « cibler les rendements réels plutôt que céder à l’illusion du rendement nominal. Le modèle de portefeuille 60/40 (60 % d’action / 40 % d’obligations) sera remis en cause. Une corrélation positive entre les actions et les obligations exige une allocation plus dynamique. Les paris relatifs (ou les stratégies de valeur relative) et les sources supplémentaires de diversification qui peuvent potentiellement atténuer le risque d’inflation, tels que les actifs réels, seront essentiels ».
D’ailleurs, à la recherche de revenus plus élevés « les investisseurs devront explorer des domaines au-delà de l’univers obligataire traditionnel et s’intéresser aux actions à dividendes, aux actifs réels, aux obligations des marchés émergents en particulier avec une duration courte, et plus généralement aux domaines offrant des perspectives de rendement plus élevé avec un risque de duration relativement faible, tels que le crédit et les prêts subordonnés. Les obligations d’entreprises dont la duration est plus longue et/ou dont les spreads sont trop serrés seront sous pression ».
Pour contrer le remontée des taux provoquée par la stagflation, les investisseurs devront choisir de « parier sur les actions avec un focus sur les zones les moins tendues (« value », marchés émergents, Europe) ».
Stagflation ou reflation ?
Reste que le débat sur l’arrivée d’une période de stagflation n’est pas clos. Lors d’une intervention organisé par Goldman Sachs, Isabel Schnabel, membre du directoire de la Banque Centrale Européenne, estime les craintes d’une retour de la stagflation infondées.
Même si l’activité présente un certain ralentissement, celle-ci estime que « l’économie mondiale et celle de la zone euro sont, sans aucun doute, nettement mieux placées aujourd’hui pour éviter que ne se reproduisent les conséquences néfastes des chocs pétroliers des années 1970 et 1980. La reflation, et non la stagflation, reste le thème déterminant de notre époque »
Et Isabel Schnabel de préciser : « Grâce à des bilans solides des ménages et à des politiques budgétaires favorables, les perspectives de croissance à moyen terme de l’économie de la zone euro restent solides et favorables, même si des goulets d’étranglement plus persistants de l’offre impliquent une partie de l’augmentation de la production et de la demande qui était attendue pour cette année et prochaine ne peut se matérialiser que plus tard ».