Après avoir relevé, il y a deux semaines, son principal taux à court terme d’un quart de point, une première depuis trois ans, la Fed ne compte pas arrêter en si bon chemin et annonce la couleur par la voix de son président, Jerome Powell.
Haro sur l’inflation
Alors que le taux d’inflation a atteint aux Etats-Unis 7,9 % en février, ce dernier a annoncé son intention de mener en la matière une politique encore plus agressive afin de maîtriser la hausse des prix qui a atteint des niveaux jamais constatés depuis 40 ans, à un rythme extrêmement rapide.
Pour Jerome Powell, pas de doute. D’autres hausses du taux des fonds fédéraux sont à atteindre ne 2022. Ils devraient être relevés d’au moins un quart de point de pourcentage à plusieurs reprises dans le courant de cette année. Et ce dernier de renchérir : « Et si nous déterminons que nous devons resserrer le marché au-delà des mesures communes de neutralité pour adopter une position plus restrictive, nous le ferons également. »
Au total, 2022 pourrait bien voir, outre la première, six autres hausses. Cela porterait le taux, actuellement proche de zéro, à 1,9 % d’ici la fin de cette année. La projection médiane des responsables de la Fed prévoit quatre hausses supplémentaires l’année prochaine, ce qui porterait le taux à 2,8 % à la fin de 2023.
Les taux vus de l’Europe
Face à ce programme, quid de l’Europe ? Christine Lagarde s’est voulue claire. Pour cette dernière, les Etats-Unis et l’Europe se trouvent désormais à « à un endroit différent du cycle économique ».
Une situation qui, d’ailleurs, pré-date l’ouverture des hostilités en Ukraine par la Russie selon la présidente de la Banque Centrale européenne. A titre d’exemple, l’Union européenne est beaucoup plus dépendante des pétrole et gaz russes que les Américains.
En conséquence, les politiques monétaires des deux territoires (européen et américain) vont être découplées. Et si Christine Lagarde n’a pas exclu une hausse des taux d’intérêt cette année, la BCE ne devrait pas se livrer, en la matière, à une politique aussi agressive que la FED qui pourrait compromettre une croissance européenne, déjà bousculée par la guerre en Ukraine.
Certes l’inflation dans l’Union européenne atteint désormais 5,9 % (soit trois fois plus que l’objectif annuel de 2 %). Pour autant la présidente de la BCE n’en perd pas son sang-froid et mise sur une inflation à 5,1 % cette année, puis de 2,7 % en 2023 et 1,9 % en 2024.
Pression à venir sur la BCE
Il n’empêche que l’inflation continue de faire des siennes sur le vieux continent. Si le ralentissement de la croissance de l’activité du secteur privé de la zone euro a été moins importante que prévu en mars grâce à la levée des restrictions liées à la pandémie selon les premiers résultats de l’enquête de S&P Global, les prix, quant à eux, ont augmenté à un rythme record, ce qui devrait accentuer la pression sur la Banque centrale européenne pour un relèvement de ses taux.