Cette semaine le regard des marchés sera incontestablement tourné vers la Banque centrale européenne. La réunion du 8 septembre devrait voir l’institution procéder à une nouvelle augmentation de ses taux directeurs. Longtemps hésitante sur le sujet, la BCE a notablement attendu beaucoup plus longtemps que la FED pour procéder à leur augmentation dans le but de lutter contre l’inflation.
Mais avec une augmentation des prix dans la zone euro de 9,1 % sur un an au mois d’août, elle n’a guère plus le choix. « Nous sommes résolus à la Banque de France et la Banque centrale européenne, à combattre cette inflation et à la ramener vers 2 % d’ici 2024 » a déclaré François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, lors d’une interview accordée au quotidien « Ouest France ».
Entre crainte de récession et inflation galopante
Entre crainte d’augmenter les risques de récession provoquée par une hausse des taux et un dérapage toujours croissant de l’inflation, la BCE a donc fini par trancher. La lutte contre cette dernière constitue bien sa priorité.
La Banque centrale européenne a donc décidé de tenir un langage nettement plus ferme. Elle se met ainsi, en quelque sorte, au diapason de la FED, qui, aux Etats-Unis, a déjà procédé à plusieurs relèvement de ses taux, notamment début mai avec une hausse d’un demi point, la plus forte depuis 2000.
Alors que ces taux se situent entre 2,25 % et 2,50 %, certains analystes avaient parié sur une certaine détente outre-Atlantique puisqu’en les chiffres ont montré en juillet un ralentissement du rythme de l’inflation à 8,5 % sur un an. Cela n’a pas suffit à faire bouger Jérôme Powell.
Lors du symposium de Jackson Hole qui s’est tenu le 27 août, le président de la FED a réaffirmé toute sa détermination. La Banque centrale américaine a bien l’intention d’user « vigoureusement » des outils qui sont à sa disposition pour lutter contre l’inflation.
Il en est donc désormais de même pour la BCE. Les marchés anticipent désormais une hausse des taux qui se situerait entre 50 et 75 points de base, beaucoup pariant sur cette dernière éventualité.
Le casse-tête de la BCE
C’est qu’en plus de l’inflation, la BCE voit à son agenda s’ajouter le casse tête de la faiblesse de l’euro , le dollar s’étant apprécié de 14% par rapport à la monnaie européenne depuis le début de l’année.
La monnaie américaine est à son plus haut de 20 ans, renchérissant le coût des importations alors que la plus grande partie de la facture énergétique (qui voit ses prix grimpés en raison de la guerre en Ukraine) est payée en dollars. On le comprend. Dans un contexte de forte hausse des prix, la faiblesse de la monnaie européenne complique encore un peu la lutte contre l’inflation. Une remontée des taux permettrait de soutenir l’euro.
Si la BCE, le 8 septembre prochain, entame un refrain « faucon », les marchés, anticipant des difficultés pour les entreprises et une possible récession, pourraient s’en trouver fortement chahutés, certaines valeurs pouvant certainement dévissés.
C’est dire si les décisions qui seront prises, et le ton employé à cette occasion par la BCE, vont mobiliser l’attention des investisseurs. Selon UBS Global Wealth, ces derniers vont d’ailleurs rester volatils jusqu’à mi-2023.