Les actionnaires ont pour la plupart fait leur deuil des dividendes en 2020. Crise sanitaire et économique oblige. Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, avait dès le mois de mars demandé à toutes les entreprises de réduire d’au moins un tiers le versement du dividende 2020, voire même de le supprimer pour celles qui avaient recours aux aides de l’état, notamment aux prêts garanties. « Le capital disponible doit aller dans l’entreprise, dans l’investissement, pour les salariés…. Les actionnaires attendront le retour de meilleure fortune », déclarait alors le ministre.
Dividendes 2020 : la peau de chagrin
En 2020, en raison de la crise sanitaire, les dividendes versés par les entreprises européennes n’ont pas dépassé 290 milliards d’euros.
Selon une étude réalisée par la « Lettre Vernimmen » qui chaque année, fait le bilan des rémunérations versées aux actionnaires, les entreprises du Cac 40 auraient distribué 35,9 milliards d’euros à leurs actionnaires l’an passé, dont 28,6 milliards de dividendes et 7,4 milliards sous la forme de rachats d’actions, selon les données compilées par la lettre Vernimmen. Ce chiffre accuse une baisse de 40,2% par rapport à 2019, alors que 60 milliards avaient été distribués aux actionnaires des entreprises du CAC 40. Cette très forte chute s’explique évidemment par la crise du Covid-19.
Le secteur bancaire a dû renoncer à verser des dividendes, sous la pression des régulateurs. Les grandes banques françaises comme BNP Paribas, la Société Générale ou le Crédit Agricole ont du se plier à la demande de la Banque centrale européenne et renoncer à tout versement aux actionnaires. Les grandes entreprises ayant bénéficié du soutien de l’Etat, notamment via le dispositif de chômage partiel ou par les prêts garantis par l’Etat ont dû faire de même.
C’est notamment le cas de Renault qui, après avoir bénéficié de plusieurs milliards d’euros d’aide. Mais cette démarche est somme toute logique. Les français auraient en effet eu du mal voir les grands groupes continuer à payer des dividendes alors même que l’état s’endette pour leur offrir des aides.
Au total, 14 grandes entreprises ont renoncé à verser totalement un dividende aux actionnaires. Certaines ont préféré les réduire. D’autres, par contre, comme L’Oréal ont préféré renoncer aux aides de l’état pour garder toute latitude en la matière. C’est la raison pour laquelle la société et toutes celles qui ont fait ce même choix, se retrouve parmi les plus importants payeurs de dividendes.
Les perspectives pour 2021
Les dividendes mettront du temps à retrouver leur niveau d’avant crise. 2021 devrait marquer un retour prudent du versement des dividendes. Selon l’étude annuelle d’Allianz Global Investors, les entreprises de l’indice MSCI Europe devraient verser en effet 330 milliards de dividendes. Soit une hausse de 15% par rapport à l’an passé.
Par ailleurs, la BCE a lâché du lest concernant les dividendes des banques européennes. En décembre, elle a autorisé les établissements bancaires de la zone euro à renouer avec le versement de dividendes. Mais ils devront rester dans une certaine limite.
Les banques pourront également procéder à des rachats d’actions à la condition qu’elles disposent de suffisamment de fonds propres.
Dividendes et rachats d’actions devront rester inférieurs à 15% des bénéfices cumulés sur les exercices 2019 et 2020 et/ou ne devront pas représenter plus de 20 points de base du ratio de fonds propres CET1 (Common Equity Tier 1) – la limite la plus basse s’imposera. Ces nouvelles mesures devraient s’appliquer jusqu’en septembre 2021. « Les banques qui ont l’intention de payer des dividendes ou de racheter des actions devront être bénéficiaires et avoir des trajectoires solides en termes de bilan », soulignait en décembre la BCE dans son communiqué.
En outre, de nombreuses entreprises ont besoin de montrer leur bonne santé économique et financière après une année 2020 placé sous le signe de la crise. Renouer avec le versement de dividendes permettra de rassurer les marchés et les actionnaires.
Cela devrait s’inscrire dans un contexte de reprise économique alors que les analystes espèrent un retour à la normal pour le second semestre de 2021.
Cependant, certains craignent encore de mauvaises surprises, notamment dans certains secteurs qui devraient encore souffrir cette année. C’est le cas du transport aérien ou du tourisme qui devrait avoir besoin de temps pour se remettre de la pandémie.
Par ailleurs, pour financer leur relance, certaines entreprises pourraient préférer puiser dans leurs bénéfices, quitte à mettre leurs actionnaires à la diète.