Au regard des performances affichées l’an passé, investir en bourse peut sembler séduisant. La crise sanitaire qui a ravagé les économies mondiales, a plongé les épargnants dans la crainte d’un cataclysme qui ferait plonger leurs finances, leur patrimoine. Comme à chaque fois lors de crise majeure, ils se sont portés en masse vers une épargne de sécurité, comme les livrets réglementés, en dépit de leurs rendements très bas. Pourtant, les marchés financiers ne manquent pas d’attrait, en dépit des risques. Faut-il écouter ceux qui nous prédisent un retour de bâton en 2021?
Investir en Bourse : des rendements… entre autres
Acheter des actions en bourse s’avère payant, notamment sur le long terme et pour peu de faire les bons choix. Globalement, rien que sur le marché français, la performance du CAC 40 sur les 34 dernières années s’est établie en moyenne à 7,74%, en dépit des crises et sous-performances qui ont entaché le marché certaines années.
Certes, l’année 2020 a été dure pour la marché français, bien qu’il se soit redressé ces derniers mois. Le CAC 40 a en effet affiché un recul de 7,14% sur l’ensemble de l’année. Mais du coté des bourses américaines, les résultats ont été beaucoup plus positifs et investir en bourse a été pour certains très profitable. Wall Street a conclu 2020 en apothéose, en dépit de la crise sanitaire qui a mis à bas les économies mondiales. Le S&P 500 a gagné 16% en 2020, le Nasdaq a pris pour sa part 44%. Certaines valeurs ont littéralement explosées : Facebook a grimpé de 33% Netflix a bondi de 67%, Apple a gagné 81% et Tesla a pris 743%. Autant dire qu’investir en Bourse et particulièrement sur ces actions, a constitué une bonne affaire.
Il faut également tenir compte des gains potentiels réalisés à partir des dividendes versés par les entreprises. Pour peu que le choix des actions achetées soit gagnant, entre hausse des cours et dividendes, investir en bourse peut s’avérer très profitable. D’autant que le rendement des obligations d’Etat n’est plus aussi performant.
Certes, de nombreuses entreprises ont du renoncer en 2020 au versement des dividendes au titre de l’année 2019, ou tout au moins les limiter du fait de la crise économique mondiales. C’est notamment le cas des valeurs bancaires en Europe. Mais aujourd’hui, ils devraient être de retour. Selon les estimations du superviseur bancaire de la zone euro, le secteur versera entre 10,5 et 11 milliards d’euros de dividendes cette année. La BCE recommande toujours une grande prudence dans la distribution de résultats, d’où des montants encore très limités par comparaison aux grandes banques américaines.
Pour certains analystes, l’année à venir est à aborder en toute confiance. Ils considèrent que 2021 devrait être «euphorique» pour les actions, grâce à une confiance retrouvée, des plans de relance généreux et de l’argent quasi gratuit du fait de la baisse des taux d’intérêt.
Mais attention aux risques en 2021
Cette incroyable performance de la bourse en 2020 a été largement aidée par l’injection d’argent sur le marché par les banques centrales, concentrées sur la rude tache de sauver les économies en crise. Les marchés financiers se sont largement éloignés de la réalité économique. Cette distorsion inquiète. Investir en bourse pourrait s’avérer plus dangereux en terme de risque. Les analystes, ne semblent plus aussi optimistes qu’ils ne l’étaient au mois de novembre, alors qu’ils accueillaient l’élection de Joe Biden et que la mise sur le marché des vaccins contre le coronavirus apportait l’espoir d’un renouveau économique. Ils s’inquiètent aujourd’hui sur la vitalité de la reprise.
Certes, en Europe, une grande entreprise sur six a atteint des records en Bourse. Elles étaient encore une quarantaine la semaine dernière à défier la gravité, dont deux françaises. En à peine trois mois, avec Pfizer et BioNTech qui ont dégagé l’horizon, vite épaulés par Moderna et AstraZeneca, les grands marchés mondiaux ont encore rebondi de 20%.
Jusqu’à récemment, le scénario pour 2021 était simple. C’était celui d’un rebond violent et rapide de l’économie et la fin de l’incertitude sanitaire avec le bouclage des grandes campagnes de vaccination d’ici à l’été. Sauf que ce plan pourrait ne pas se dérouler sans accroc.
La situation semble aujourd’hui plus complexe. Les discours des chefs d’entreprises sont à présent loin d’être optimistes. Par exemple, au sein des banques américaines, comme JPMorgan ou Bank of America, qui ont publié la semaine dernière leurs comptes du dernier trimestre 2020 et donné leurs prévisions pour la nouvelle année, les patrons ont déclaré lors que le redressement des bénéfices sera lent et progressif malgré le plan de soutien à l’économie.
L’incertitude sur les taux d’intérêt reste importante. Les défauts de paiement des entreprises, notamment sur les prêts, pourraient également fortement peser.
Face à ces incertitudes, investir en bourse pourrait devenir très hasardeux. Les particuliers devront donc garder une certaine prudence et ne consentir à ce type d’investissement qu’après avoir bien étudier tous les risques possibles.