On la présentait comme transitoire et la voilà qui s’installe. Pas de doute l’inflation est bel et bien là. Aux Etats-Unis, les prix des biens et services ont augmenté de 7 % l’année dernière, selon les chiffres publiés par le département américain du Travail. Dans l’Union européenne, au mois de décembre 2021, le taux d’inflation (IPCH) était en nette hausse à 5.2 %. Une situation qui nous ramène en arrière de 25 ans. Pour quelles conséquences ?
L’inflation et ses causes
Les économistes identifient trois sources principales d’inflation :
• l’inflation par les coûts : l’augmentation des frais auxquels doivent faire face les entreprises se répercute sur les prix des biens et services. Ces derniers vont alors augmenter. La hausse concerne alors soit les produits importés, soit les coûts de production.
• par la demande : si la demande augmente plus vite que l’offre de biens, les prix augmentent de par la rareté des produits.
• les partisans de la théorie monétariste identifient la relation entre la masse monétaire en circulation et l’inflation. Plus la masse monétaire en circulation dans une économie est importante et plus les prix augmentent sous l’effet d’une dépréciation de la valeur de la monnaie.
Aujourd’hui, les deux premières causes sont simultanément à l’œuvre. Pour les partisans de la troisième explication, une politique de restriction monétaire est alors nécessaire pour juguler la hausse des prix. Cela explique pourquoi la Fed engagera dès le mois de mars son « tapering », diminution de ses achats obligataires, et donc des mesures de soutien à l’économie engagée depuis les débuts de la crise du Covid-19.
La position de l’Europe
L’Europe, confrontée elle aussi à des tensions inflationnistes inédites depuis un quart de siècle va-t-elle suivre le mouvement ?
Jusqu’ici, la tendance était clairement à la poursuite de la politique de soutien de l’économie via deux mécanismes principaux :
• Un nouveau programme temporaire d’achats de titres d’urgence (PEPP pour pandemic emergency purchase programme) qui consiste pour la BCE, à injecter des liquidités dans le système bancaire et financier grâce à l’achat de titres directement sur les marchés financiers.
• Un assouplissement des opérations de refinancement à long terme ciblées (TLTRO pour targeted longer-term refinancing operations), les rendant plus attractives afin de stimuler le volume des prêts bancaires aux ménages et aux entreprises.
En clair, il s’agit d’aider les économies de la zone euro à absorber le choc de la crise économique liée au Covid-19 à faciliter l’accès au crédit pour les ménages et les entreprises et à maintenir les taux d’intérêt à un niveau faible.
L’inflation est-elle susceptible de remettre en question ces mécanismes ? Il y a quelques jours, la BCE a clairement fait comprendre qu’elle pourrait changer de cap et qu’un changement de politique pourrait être envisagé si les tensions sur les prix de l’énergie devaient persister. La BCE a d’ailleurs multiplié par deux sa prévision d’inflation sur l’année 2022, et table désormais sur une hausse de 3,2% des prix, contre 1,7% précédemment.
Bien entendu, la hausse de l’inflation et son inscription dans le temps ne sont pas sans conséquences sur vos placements.
Focus sur le Livret A
Pour les détenteurs d’un Livret A, ce fut l’heureuse surprise. Le 1er février son taux va doubler passant de 0,5 % à 1%. Si ce taux est maintenu au premier août (il est révisé deux fois par an), alors les épargnants verront en fin d’année leur pécule ainsi impacté : pour une épargne de 1.000 euros, 10 euros d’intérêts seront délivrés. Soit 5 euros de gains net par rapport au taux précédent.
Le calcul est ensuite le même selon le la somme épargnée augmente (20 euros d’intérêts pour 2.000 euros d’épargne, 30 euros pour 3.000 euros, etc.). Toutefois, en raison du fort taux d’inflation (2,8 % en 2021 selon l’Insee), cette augmentation ne sera pas suffisante pour compenser l’augmentation des prix, affectant le rendement réel du Livret A.
Le Livret d’Epargne Populaire plus protecteur
Plafonné à 7 700 euros, réservé aux foyers les plus modestes, le Livret d’Epargne Populaire (LEP) est exonéré d’impôt sur le revenu et de prélèvements sociaux. Ce dernier voit son taux passer de 1% à 2.2 % offrant donc un meilleur rendement et une protection accrue contre l’inflation. Sous-utilisé, il va peut-être, en conséquence, bénéficier d’un regain de popularité.
Les effets sur les obligations…
L’inflation impacte directement le cours des obligations. Ce dernier baisse lorsque celle-ci est en hausse. Et inversement, la hausse des prix diminue le pouvoir d’achat de l’argent que vous gagnerez grâce au rendement de votre placement. Il existe toutefois des obligations indexées sur l’inflation qui sont conçus pour aider les investisseurs à se protéger.
…Et sur le cours des actions
Pour les investisseurs, les actions peuvent servir de couverture contre l’inflation à long terme. A court terme, la dynamique est moins favorable, étant caractérisée par une corrélation inverse. Cela veut dire que lorsque l’inflation augmente, les cours de la bourse baissent. Mais lorsque celle-ci diminue, les cours de la bourse augmentent.