Est-ce la fin de la lune de miel ? Durant deux ans, les Français, dont de nombreux nouveaux investisseurs particuliers, se sont rués sur la Bourse. Aujourd’hui, il semblerait bien qu’un réel reflux soit en cours.
C’est en tout cas ce que dévoilent les chiffres publiés par l’AMF dans sa huitième édition de son Tableau de bord des investisseurs particuliers actifs sur les marchés financiers.
Selon le gendarme français de la Bourse, au troisième trimestre 2022, 600 000 investisseurs particuliers ont réalisé au moins une opération, d’achat ou de vente, sur des actions. C’est un recul de 35 % par rapport au trimestre précédent.
Les investisseurs particuliers achètent moins d’actions
Dans le détail, le nombre d’acheteurs d’actions a également reculé, de 19 %, à 485 000, son plus bas niveau depuis le troisième trimestre 2020. De son côté, le nombre de vendeurs d’actions a drastiquement chuté de 43 % à 362 000.
Dans le contexte volatile que traverse la Bourse actuellement, les investisseurs particuliers semblent ainsi avoir marqué une nette préférence pour un certain attentisme, préférant, pour une large partie d’entre eux, conserver leurs positions.
Les taux d’inflation élevés militent toujours en faveur du resserrement de la politique monétaire des banques centrales. Une mission considérée comme sacrée par ces dernières mais qui fait toujours peser des risques de récession. Ce qui favorise la crainte des marchés
Les marchés dans l’attente de la décision de la BCE
La BCE doit se réunir le 27 octobre prochain. A cette occasion, l’institution devrait procéder à une nouvelle hausse importante des taux d’intérêt de 75 points de base. De quoi porter le taux de dépôt à 1,50%, niveau le plus important enregistré depuis janvier 2009.
Selon la société de gestion d’actifs allemande DWS, la BCE ne devrait pas s’arrêter en si bon chemin et va procéder à de nouvelles hausses de taux d’intérêt dans les mois qui viennent. « Le taux de dépôt devrait dépasser le taux neutre estimé à environ deux pour cent. Le marché table actuellement sur un taux d’intérêt de trois pour cent à partir de l’été 2023 », prédit Ulrike Kastens, Senior Analyst Macro Research (sur le site allnews.ch).
Les Français plébiscitent le Livret A
Alors que les investisseurs particuliers marquent un coup d’arrêt en Bourse, ils continuent toutefois d’épargner, misant sur des véhicules réputés sûrs. La preuve avec le Livret A.
Le mois de septembre est traditionnellement défavorable à ce vecteur d’épargne, mais la collecte sur ce mois a atteint cette année 2,67 milliards d’euros contre 240 millions d’euros en septembre 2021.
De très bons résultats qui ont pour origine le passage à un taux à 2 % au mois d’août et les craintes exprimés par les ménages d’une nouvelle dégradation économique à venir. Une situation qui les encourage à poursuivre leurs efforts d’épargne malgré l’inflation.
Au total, sur les neuf premiers mois de l’année, la collecte du Livret A a atteint plus de 26,30 milliards d’euros, soit plus que sur la même période de 2021 (19,79 milliards d’euros). La preuve de l’engouement des Français pour ce placement, même si avec une inflation à 5,6 % sur un an le rendement reste négatif.
Si les prix devaient continuer de grimper (et cela devrait bien être le cas), le Livret A pourrait voir son taux porter à 3 % le 1er février 2023.