Le pouvoir d’achat immobilier des Français s’est largement effrité ces 20 dernières années. Il aurait baissé de 13% entre 1999 et 2019 selon une récente étude des Notaires de France. Cependant, cette longue période de 20 ans comporte des phases bien distinctes. Si l’on compare ces chiffres sur une période plus courte, leur lecture est sensiblement différente. Sur la période 1999-2008, on a pu assister à une baisse vertigineuse de 49% du pouvoir d’achat immobilier. Par contre, si l’on prend en compte la dernière décennie, de 2008 à 2019, le résultat est tout autre. On assiste alors à une hausse de 50% du pouvoir d’achat immobilier.
Pouvoir d’achat immobilier : un indicateur précieux
Le pouvoir d’achat immobilier est un indicateur calculé par les notaires de France. Pour l’obtenir, il convient de diviser la capacité d’emprunt des ménages par le prix moyen au mètre carré des logements vendus. En d’autres termes, il permet de comprendre pour un budget donné, quelle surface il est possible d’acheter. Globalement, si un ménage pouvait acheter logement de 100 mètres carrés en 2009, il ne pourra acquérir qu’une surface d’un peu moins de 90 mètres carré en 2019. Mais les chiffres publiés par les notaires de France sont cependant à relativiser en fonction de la période étudiée. Et la baisse est à relativiser. Les notaires ont étudié le pouvoir d’achat immobilier sur deux phases. La première, entre 1999 et 2008, où le pouvoir d’achat immobilier est passé de 100 à 60 mètres carrés, soit un recul -42%, son niveau le plus bas. La seconde, de 2008 à 2019, où le pouvoir d’achat est remonté, passant de 60 mètre carré pour atteindre 90 mètres carrés, soit une hausse de 49% depuis 2008.
La première phase (1999-2008) a connu une hausse continue des prix de l’immobilier de +89% avec des taux de crédit oscillant entre 3,7% et 5,9%. Ces deux facteurs expliquent la baisse du pouvoir d’achat immobilier des Français sur ces dix années.
Par contre, le constat s’inverse sur la seconde période. Les prix de l’immobilier ont alterné hausses et baisses, jusqu’en 2015 selon cette étude. Ils se sont ensuite stabilisés à -9% entre 2008 et 2019. Les taux de crédits ont également baissé de manière quasi continue, de 5% à 2008 à 1,4% en 2019. De plus, le revenu disponible des ménages a évolué entre -2 et +2%, soit de manière plus faible que les autres facteurs déterminants du pouvoir d’achat immobilier. L’augmentation de la durée d’endettement, de 16 à 20 ans en moyenne entre 2000 et 2008, a réduit les mensualités à payer pour les emprunteurs.
Si cette seconde phase met en évidence une progression notable du pouvoir d’achat immobilier à +49%, elle n’est malheureusement pas suffisante pour compenser le repli précédent.
De grandes disparités en fonction des régions
Le pouvoir d’achat immobilier diffère en toute logique en fonction des régions. Ainsi, en 2019, il est plus faible dans les régions Ile-de-France et Provence-Alpes-Côte d’Azur, régions les plus chères. Le pouvoir d’achat immobilier y varie entre 50 et 60 mètres carrés. Elles sont suivies par l’Aquitaine, Rhône-Alpes et le Languedoc-Roussillon, autour de 90 m². Il s’agit des régions où les m² vendus sont les plus chers. À l’exception du Languedoc-Roussillon, il s’agit également des régions où les revenus sont les plus élevés.
Le Languedoc-Roussillon et la Provence-Alpes-Côte d’Azur font partie des régions au plus faible pouvoir d’achat immobilier mais également de celles ayant connu la plus forte évolution par rapport à 2008 (supérieure à 70 %).
A l’inverse, il se situe autour de 90 mètres carrés en Aquitaine, en Rhône-Alpes et dans le Languedoc-Roussillon. Il est encore plus haut dans le Nord-Est de la France (150 mètres carrés), sauf en Alsace, ainsi que dans le Limousin, où il est de 180 mètres carrés. Ont peut noter sans surprise que depuis 2008, le pouvoir d’achat immobilier a le moins augmenté en Corse, en Ile-de-France et en Aquitaine : autour de 30% selon les notaires.
Cette étude est à rapprocher de celle publiée également fin janvier par MeilleursAgent.com. On y découvre qu’en 20 ans, les jeunes actifs disposants d’un revenu médian (équivalent à 1660 euros selon l’Insee), ont perdu 35% de pouvoir d’achat immobilier dans les 11 plus grandes villes. En 2000, avec un revenu médian équivalent, un jeune actif pouvait 50 mètre carré dans des villes comme Nantes, Bordeaux, Toulouse, Lille. En 2020, il ne pouvait acquérir que 31 mètre carré. Là encore, le pouvoir d’achat immobilier varie fortement d’une ville à l’autre. « Paris demeure la ville offrant le plus faible pouvoir d’achat immobilier : en 2021 et avec un revenu de 1.660€, un jeune adulte ne peut accéder qu’à un studio de 11m2 (vs 20m2 en 2000) soit en dessous de la surface d’un logement décent (18m2) », précise MeilleursAgents. Il y a 20 ans, Paris était déjà la ville la plus chère avec 2753€ au mètre carré. Ils ont depuis bondi, atteignant 10402€ le mètre carré en 2021.