Des marchés très volatiles caractérisent souvent les crises économiques. Dans ces moments, l’irrationalité de certains intervenants peut provoquer des mouvements incontrôlables en Bourse.
Mais aujourd’hui, ces derniers ne sont plus les seuls à figurer sur le banc des accusés. Certaines méthodes, à commencer par le trading haute fréquence, sont pointées du doigt et se voient reprocher d’ajouter à la confusion.
Qu’est-ce que le trading haute fréquence ?
Pas d’hommes, que des machines. Le trading haute fréquence (THF) est un trading algorithmique caractérisé par une exécution rapide des transactions, leur nombre extrêmement élevé en très peu de temps et un horizon d’investissement à très court terme.
Concrètement, des centaines d’ordres d’achat sont envoyés en quelques secondes, grâce aux analyses effectuées par de très puissants ordinateurs. Tout cela s’effectue automatiquement, sans intervention humaine.
Qui le pratique ?
Au vu des puissances de calcul et des ordinateurs ultra-puissants nécessaires au trading haute fréquence, la méthode est quasiment réservée à un petit nombre d’acteurs professionnels. Il s’agit principalement de grands investisseurs institutionnels comme les banques d’investissement et les fonds spéculatifs.
Pourquoi l’utiliser ?
Le trading à haute fréquence permet à l’investisseur de capitaliser sur des opportunités qui n’existent que pendant un court instant sur le marché boursier.
Cela leur permet également d’être les premiers à profiter de ces dernières avant que les prix ne soient affectés. De plus, pour ses partisans, les effets positifs que l’on peut tirer de l’outil THF ne se limitent pas au seul trader individuel.
De nombreux investisseurs affirment que le trading à haute fréquence favorise à la fois la liquidité et la stabilité sur le marché parce qu’il permet de connecter rapidement acheteurs et vendeurs au prix souhaité par chacune des deux parties.
Une méthode qui n’est pas à l’abri de critiques
Pour autant, le THF est loin de faire l’unanimité. L’une des principales critiques le concernant est la suivante : le trading haute fréquence contribuerait à créer de la liquidité fantôme sur le marché puisque les titres détenus ne le sont que quelques secondes.
Avant qu’un investisseur régulier puisse acheter le titre, il a déjà été échangé plusieurs fois entre des traders à haute fréquence. Au moment où l’investisseur régulier passe une commande, la liquidité massive créée par la méthode a largement diminué.
D’autre part, Le trading haute fréquence créerait une sorte de « concurrence déloyale » de nature à chasser les autres acteurs du marché, particulièrement les plus petits.
Enfin, le THF augmenterait la volatilité des marchés. L’outil est clairement impliqué dans le Flash Crash de 2010 qui a vu l’effondrement des grands indices boursiers américains qui ont pu, par la suite, rebondir rapidement.
Qu’en est-il de la régulation ?
Le THF n’est pas illégal. En France, la méthode est permise par l’Autorité des marchés financiers (AMF), mais reste sous surveillance. Ainsi, En décembre 2015, l’AMF a infligé une amende de 5 millions d’euros à l’encontre respectivement de l’entreprise Euronext et du trader américain Virtu pour avoir manipulé les cours à l’aide de trading haute fréquence.
Faut-il se méfier du THF ?
On a l’habitude de dire que toute technique est neutre a priori. Ethiquement parlant, c’est la façon dont elle va être utilisée qui peut finir par poser des problèmes. Qu’en est-il pour le trading haute fréquence ?
Utiliser à mauvaise escient, il semble bien qu’il puisse entraîner des conséquences néfastes pour les marchés et créer des déséquilibres importants. C’est pourquoi, un examen minutieux et une surveillance intenses du HFT, comme celles effectuées par les autorités de régulation, sont bel et bien justifiés.