Aux alentours du 15 septembre, le réseau Ethereum devrait avoir réalisé « The Merge ». Concrètement, cela signifie que la cryptomonnaie va changer le système de validation de ses transactions pour devenir une monnaie virtuelle bien plus verte. Une étape qui pourrait avoir des répercussions sur l’ensemble de l’écosystème.
A l’image du Bitcoin et comme l’immense majorité des crypto-devises, l’Ethereum fonctionne sous le régime de la preuve de travail (Proof of Work). Les transactions sont ici vérifiées par ceux que l’on nomme les « mineurs ». Le problème est que ces opérations nécessitent la mobilisation d’une énorme puissance de calcul et l’emploi d’une armée d’ordinateurs. Le système est donc considérablement énergivore.
Cryptomonnaies : un fléau écologique
Pour ses détracteurs, la preuve de travail est un fléau écologique. Le seul réseau Bitcoin, selon des chiffres publiés en février 2022, consommerait à lui tout seul environ 138 térawatt-heure par an. Cela représente 0,62 % de la consommation mondiale d’électricité, et plus qu’un pays comme la Suède.
Mais là n’est pas le seul problème. Puisque l’énergie coûte chère, les bitcoins ont tendance à être produits, là où l’énergie se trouve aux meilleurs prix. D’où le succès rencontré par un pays comme le Kazakhstan. De nombreuses entreprises de minage ont choisi de s’y localiser. Mais, revers de la médaille, les centrales électriques du pays fonctionnent à base d’énergie fossile, forcément extrêmement polluante.
Pour toutes ces raisons, d’autres cryptomonnaies, comme Cardano, ont choisi de fonctionner selon une autre modalité. Pour valider les transactions, elles passent par un autre protocole : la preuve d’enjeu ou proof of stake. Ce protocole ne convoque plus une armada d’ordinateurs pour résoudre des équations complexes. Son intérêt écologique est clairement avéré et permet de diminuer la note énergétique des cryptomonnaies de manière drastique. Cependant, les devises numériques qui l’utilisent restent encore aujourd’hui une minorité.
The Merge : un enjeu décisif pour Ethereum
Avec « The Merge », Ethereum, la seconde capitalisation du secteur des cryptomonnaie, franchit le pas. En migrant de la preuve de travail à la preuve d’enjeu, le réseau estime qu’il devrait pouvoir réduire sa consommation d’énergie d’environ 99,95%. C’est, on en conviendra, gigantesque.
En quoi est-ce important ? Le coût écologique des cryptomonnaies est l’une des principales critiques émises pour leurs adversaires. Tim Berners-Lee, souvent présenté comme l’inventeur du World Wide Web n’y va pas par quatre chemins. Selon lui, l’extraction du bitcoin est « l’un des moyens les plus fondamentalement inutiles d’utiliser l’énergie ». De fait, pour de nombreux spécialistes, les cryptomonnaies sont considérées comme l’un des responsables du réchauffement climatique dont les effets se font de plus en plus ressentir chaque année.
On comprend, dans ce contexte, que le choix effectué par Ethereum, deuxième réseau crypto après le bitcoin, soit scruté avec autant d’attention par les analystes. Si la migration réussit, cela pourrait entraîner d’autres cryptomonnaies à en faire de même, à un moment où ces dernières ont mauvaise presse et, ainsi, a regagné en légitimité. Avec des effets sur les marchés ?
Proof of stake : un enjeu pour toutes les cryptomonnaies?
L’invasion de l’Ukraine a entraîné une crise économique mondiale dont les cryptos ont également largement fait les frais. En l’espace de 6 mois, le bitcoin qui tire les autres monnaies virtuelles, a perdu 70% de sa valeur par rapport à son pic historique des 69 000 dollars (aujourd’hui, un bitcoin vaut un peu plus de 20 000 dollars).
Certes, le passage du bitcoin à la preuve d’enjeu n’est pas à l’ordre de jour. Mais si la migration de la devise Ethereum est un succès, cela pourra-t-il rabattre les cartes ? Alors que les exigences en matière de développement durable s’imposent désormais également au monde la finance, un Ethereum plus écologique pourra-t-il venir titiller l’hégémonie du bitcoin, voire, avec le temps, lui prendre la première place ?
Cela semble être aujourd’hui, peu réaliste. Mais les fondamentaux des marchés sont actuellement tellement secoués que bien malin qui peut prédire la suite. En d’autres mots, tout est possible…