Le marché de l’art a vu son activité ébranlée par le Covid-19. En 2020, les ventes mondiales ont chuté de 22% pour atteindre 50,1 milliards de dollars. Cependant, entre l’annulation des foires et la fermeture des galeries d’art, les professionnels s’attendaient à un bilan bien plus catastrophique. Le marché de l’art semble en effet avoir fait preuve de bien plus de résilience qu’il n’en avait fait en 2009, lors de la crise financière dite des « subprimes ». A cette époque, les ventes d’art avaient, en effet, reculé de 36% pour s’établir à 39,5 milliards de dollars.
Marché de l’art: des disparités entre les pays
Les chiffres que l’on découvre dans le dernier rapport Art Basel UBS sur le marché mondial de l’art met en exergue des disparités selon les pays. La France déplore une diminution de 33% des ventes et le Royaume-Uni, de 22%. Les États-Unis restent le leader du marché, avec 42% de l’activité, mais perdent 24% des transactions. La Chine limite quant à elle les dégâts avec une baisse de 12%. Le pays (avec Hong Kong) a même dépassé les États-Unis pour devenir le plus grand marché aux enchères publiques, avec une part de 36% des ventes en valeur.
La crise du coronavirus a certes impacté les ventes mondiales, mais le marché de l’art s’était déjà replié en 2019 de 14%, bien qu’atteignant un record de nombre d’œuvres vendues. Au final, en affichant l’an passé un total de 50,1 milliards de dollars (42 milliards d’euros) le marché ne s’en sort pas trop mal. La raison ? Il faut sans doute la chercher dans un accroissement des ventes numériques.
Augmentation des ventes en ligne
Les ventes numériques d’œuvres d’art ont été multipliées par deux en valeur, par rapport à 2019. Elles représentent désormais 12,4 milliards de dollars, et 25% du marché global. En 2019, les ventes sur internet ne représentaient que 9% du chiffre d’affaires total en valeur. C’est la première fois que la part du e-commerce dépasse les transactions classiques pour le marché de l’art. Les maisons de ventes aux enchères ont généré l’an passé 19% de leurs revenus à travers ce canal. Les enchères sur internet représentent à présent un tiers de leur chiffre d’affaires.
En moyenne, en 2020, les collectionneurs ont acheté neuf œuvres, contre dix, l’année dernière. Les acheteurs les plus actifs étaient les millénials, la génération des 25 et 35 ans, dont 30% ont investi plus d’un million de dollars dans de l’art en 2020. 17% des 55-75 ans ont dépensé une telle somme. Les femmes collectionneurs ont dépensé plus que les hommes en 2020, leurs dépenses médianes ayant augmenté de 13% d’une année sur l’autre. Près de six investisseurs sur dix veulent acquérir de nouvelles œuvres en 2021.
Quelles prévisions pour le marché de l’art en 2021 ?
Pour la majorité des spécialistes du secteur, il ne devrait pas y avoir d’effondrement du marché de l’art en 2021. Interrogé par le quotidien économique Les Echos, le marchand d’art David Nahmad l’expliquait en ces termes : « L’art fait figure de valeur refuge dans une période où il reste beaucoup de liquidités en circulation et peu d’investissements sûrs ». Même constat pour François Curiel, le président de Christie’s Europe : « Il n’y a pas de risque d’écroulement en 2021, car on a observé une résilience du marché de l’art en 2020 dans tous les domaines. L’art est l’objet d’une demande globale. On observe une activité très importante de la Chine y compris dans des spécialités où elle s’aventurait peu jusque-là. »
De nombreux nouveaux acheteurs auraient été attirés par le marché grâce à Internet en 2020 et cela devrait perdurer cette année. Cependant, ce canal de vente pourrait rapidement atteindre ses limites car il ne permet pas de véritablement apprécier les pièces mises en vente. L’acheteur pourrait très vite se fatiguer des ventes en ligne.
Montée en puissance de Paris au détriment de Londres
Depuis le Brexit, on assiste à une montée en puissance de la place parisienne, au détriment de Londres. Plusieurs galeries internationales se sont déjà installées dans la capitale française. Sotheby’s va s’y établir en 2023. Christie’s y agrandit ses locaux. Il est clair que la sortie de la Grande-Bretagne de l’Europe joue pour le moment en faveur de Paris. Cela s’explique notamment pour des raisons liées au régime de la TVA applicable aux œuvres. Les acheteurs d’art avertis doivent sa faire à l’idée qu’ils ne pourront plus importer aussi facilement des œuvres d’art qui profitent d’une libre circulation entre les pays d’Europe, ce qui n’est plus le cas avec la Grande Bretagne.