Il y a quelques jours, Jean-Noël Barrot, le ministre délégué au numérique, annonçait le soutien du gouvernement à l’industrie du NFT. En déclarant que des fonds publics allaient être consacrés à ce nouveau secteur, le ministre a ouvert la voie à de nouvelles questions.
Quelle est la nature de cette aide financière ? Se dirige-t-on vers une reconnaissance des NFT qui manquent encore de cadre juridique et réglementaire clair ? Mais surtout, en quoi cela peut-il représenter un changement pour les investisseurs ?
Des fonds publics dans le secteur des NFT
Le soutien de l’État au secteur des NFT ne se fera pas via une aide directe spécifique, contrairement à ce que certains ont supposé initialement. En fait, les entreprises exerçant sur ce marché pourront bénéficier des aides prévues dans le plan France 2030.
Ce plan, doté de 30 milliards d’euros déployés sur 5 ans, vise à développer la compétitivité industrielle et les technologies d’avenir. Nous ne sommes donc pas dans le cadre d’un financement spécifique des NFT.
Pour autant, toute entreprise du secteur pourra déposer un dossier afin de bénéficier de fonds publics pour financer leur croissance. Il s’agit donc d’un appui sans précédent pour un secteur qui cherche encore son cadre juridique.
Un cadre légal et juridique flou pour un secteur en difficulté
Les NFT, ces jetons non fongibles, sont intrinsèquement liés au marché des cryptomonnaies qui connaît depuis plusieurs mois de grosses difficultés. Sa valeur a considérablement diminué en 2022 avec une baisse qui avoisine les 60%.
Les NFT ne sont pas sortis indemnes de cette véritable déroute et enregistrent également une baisse conséquente de leur marché.
Les investisseurs ont conscience que ce secteur comporte une part de risque énorme, ce qui explique leur timidité à investir et à s’engager. Il est vrai que le manque de cadre légal reste un frein. Le gouvernement a bien conscience du problème et entend bien y remédier.
En effet, ainsi que l’a rappelé le ministre délégué, la France a un intérêt économique à soutenir ce secteur. Elle ne doit pas louper le coche comme elle l’a fait avec l’apparition de l’internet et se laisser dépasser par les autres puissances internationales.
Partout dans le monde, aux États-Unis comme en Europe, les NFT semblent gagner en légitimité avec l’émergence d’un cadre juridique plus fiable. Légalité, fiscalité, de nombreuses interrogations demeurent.
Faut-il investir dans les NFT ?
L’absence de cadre juridique est le frein majeur à l’entrée des investisseurs sur le marché. Alors que la réglementation des cryptomonnaies avance peu à peu, rien de tel n’existe pour les jetons non fongibles.
Comme tout actif basé sur la blockchain, les NFT se cherchent encore. Certains y voient une belle possibilité d’investissement, d’autres une fumisterie. La chute libre et ininterrompue des ventes depuis plus de 5 mois ne rassure pas.
Pour autant, faut-il jeter le bébé avec l’eau du bain? Difficile de faire l’impasse sur ce qui pourrait représenter à terme un marché de plusieurs milliards d’euros. Certes le marché des crypto-actifs va mal.
Cependant, pour certains, la chute actuelle s’apparente à l’éclatement de la bulle internet du début des années 2000. Les valeurs internet avaient toutes dévissé en bourse. Elles ont mis longtemps à s’en remettre. Mais qui remettrait aujourd’hui en cause la fiabilité d’entreprises comme Google ou Amazon ?
Certains acteurs qui gravitent dans ce secteur sont désormais des entreprises mondialement connues. Ainsi, la licorne française Sorare, champion du gaming sportif, en est un excellent exemple.
Après avoir bénéficié d’une des plus grosses levées de fonds de l’histoire de la French Tech, Sorare représente une réussite française souvent citée en exemple y compris par le gouvernement.
Mais en dépit de cette popularité la société est actuellement en but à l’Autorité Nationale des Jeux qui considère que la société devrait avoir un agrément pour exercer dans le gaming.
Faut-il prendre le train en marche avec l’espoir d’énormes plus-values ou attendre une meilleure visibilité ? C’est à chaque investisseur, quel que soit son profil, de répondre à cette question.