Le Private Equity ou, en français l’investissement dans le non côté, est sans conteste devenu la classe d’actif qui suscite le plus d’intérêt. Depuis quelques années, les investisseurs n’ont plus que ces mots à la bouche. Réservé autrefois aux investisseurs les plus fortunés, ce type d’investissement est aujourd’hui mis à la portée de tous les épargnants en quête de diversification et de performance. La crise sanitaire n’aura guère eu d’effet négatif pour ces placements, bien au contraire. Et pour cause, les performances sont au rendez-vous. Mais attention aux risques.
Qu’est ce que le Private Equity ?
Il va falloir vous habituer à ces termes. Dans les mois qui viennent, il est fort probable que vos conseillers vous proposeront d’investir directement ou indirectement dans cette classe d’actifs : le private equity. Pour nombre d’épargnants, cette terminologie est déjà bien connue, pour les autres, ils vont vite découvrir de quoi il retourne. Qu’est-que le Private Equity ? C’est une stratégie très en vogue du capital-risque ou capital-investissement qui consiste à prendre une participation dans une société non cotée en Bourse, puis de la revendre avec une plus-value potentielle. Pour un particulier, intervenir dans le private equity est possible en investissant directement dans le capital d’une entreprise ou à travers un fonds spécialisé, solution la plus fréquente, notamment lorsque l’on expérimente ce type de placement.
Cela n’a rien de réellement nouveau. Depuis vingt ans, les fonds de private equity ont réalisé pour le compte de grandes fortunes ou d’institutionnels, des investissements qui se sont révélés très profitables. Jadis, on parlait simplement de « capital risque ». Aujourd’hui, le concept tend à se démocratiser.
Alors que le niveau d’épargne des Français atteint des sommets, il est fort probable que l’investissement dans le non coté y trouve largement son compte. Une manière de faire à la fois fructifier votre capital, mais aussi participer à la relance du tissu économique et industriel de la France.
Comment ça marche ?
Selon la stratégie de gestion définie, chaque véhicule se constitue un portefeuille investi dans des sociétés aux profils ciblés. Certains sont axés sur les PME et les PMI, d’autres privilégient les jeunes pousses (start-up) censées devenir, un jour, grandes et profitables.
Investir dans le private equity, ou non coté, signifie avant tout d’investir dans des actifs de l’économie réelle, dans des entreprises qui parfois existe depuis plusieurs années, mais qui ont besoin de fonds pour décoller ou assoir leur activité. Le private equity vous permet d’investir dans des sociétés matures.
Alors que le non coté avait historiquement pour vocation de financer les entreprises en fonds propres, par un apport de capitaux, il s’est ouvert à divers modes d’intervention, comme des actions, des obligations ou des titres de dette. Le but : permettre aux entreprises de se développer en faisant appel à des capitaux privés sans les contraintes d’une ouverture sur les marchés financiers.
L’investissement non coté a été dans un premier temps accessible en France via des fonds offrant un avantage fiscal au moment de la souscription tels que les FIP (Fonds d’Investissement de Proximité) ou les FCPI (Fonds Communs de Placement dans l’Innovation) qui prévoyait un blocage de l’épargne pendant plusieurs années. Il s’est depuis développé auprès du grand public au travers du « crowdfunding » (du financement participatif). Il est également possible depuis la loi pacte d’investir via l’assurance-vie dans des FCPR qui bénéficient de la liquidité des contrats.
Plusieurs dispositifs fiscaux accompagnent ce type de placement afin de les rendre les plus attractifs possible. Et il n’est pas impossible que le gouvernement, dans le cadre d’un effort de relance de l’économie après la pandémie, envisage de nouvelles dispositions dans les mois à venir.
Des risques importants
Aujourd’hui, l’investissement dans le “non coté” rapporte en moyenne 11,3% par an, selon le baromètre EY. C’est 20 fois plus que le Livret A. C’est également très supérieur aux placements boursiers.
Cependant, les avantages du private equity, notamment ses rendements vertigineux, ne doivent pas masquer les contraintes qui peuvent s’avérer être de véritables pièges pour les investisseurs. L’écueil le plus évident est la très faible liquidité de cette classe d’actifs.
La plupart des fonds ont un horizon temporel situé entre huit et dix ans. Il est en principe impossible de récupérer son argent avant la liquidation de ces véhicules. Dans les faits, de rares exceptions sont prévues pour des situations difficiles (décès, invalidité, perte d’emploi…) et il est permis de céder ses parts à un autre investisseur. Mais cette démarche peut toutefois être contrariée en raison de l’absence de marché secondaire comparable à la Bourse. Certains fonds autorise cependant des sorties partielles.
Il n’en reste pas moins que les fonds peuvent bloquer temporairement tout retrait de capitaux lorsqu’ils peinent à céder leurs actifs.
L’AMF considère ces placements à haut risque. Il est donc intéressant de s’y intéresser dans le cadre d’une diversification de votre patrimoine. Mais en toute connaissance de cause, en sachant que votre capital est bloqué pendant un long nombre d’années et que vous pouvez y laisser des plumes.
Des frais élevés
Les épargnants doivent par ailleurs s’attendre à des frais élevés: droits d’entrée, droits de sortie, frais de gestion, frais de fonctionnement, frais de constitution… Les sociétés de gestion peuvent facturer chaque année en moyenne entre 2,5 et 5% des montants investis. En outre, elles s’octroient généralement une commission de performance (les carried interest), qui représente généralement 20% de la plus-value du portefeuille! Celle-ci n’est toutefois appliquée que si la valeur des actifs a suffisamment augmenté pour atteindre des objectifs (+50%, +100%…) définis dans le document d’information clé pour l’investisseur (DICI) et le règlement du fonds.
Autre inconvénient, alors qu’en investissant dans des entreprises cotées, l’épargnant bénéficie de nombreux reporting (assemblée des actionnaires, rapport d’activité, résultats trimestrels…) il en va tout autre avec le private equity. Les sociétés non cotées n’ont pas d’obligation d’information permanente. Même si elles s’astreignent à un minimum de « publications » pour leurs investisseurs, rien ne les oblige à le faire, comme rien ne les contraint à révéler un événement pouvant affecter leur valorisation. Les petits porteurs doivent se contenter d’une lettre d’information annuelle de la société de gestion et d’un document trimestriel réévaluant la valeur du fonds.
En conclusion, si le private equity peut rapporter gros, il reste toutefois un placement très risqué à ne pas mettre entre toutes les mains.